L’intolérance entrave le développement en Afrique


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Carte d'Afrique

L’intolérance peut sembler attrayante et normale face à la terreur. Pourtant, tant d’exemples en Afrique montrent qu’un tel comportement ne fait qu’aggraver une situation. C’est bien la tolérance, même si elle nécessite beaucoup d’efforts, qui peut aider à avancer.Dans son article, Feyisade Adeyemi fait un réel plaidoyer pour la coopération volontaire et la non-agression comme fondements des interactions sociales sur le continent africain. La violence ne conduit qu’à la violence et il faut briser ce cercle.

La violence contre des fidèles innocents au Sri Lanka rappelle les meurtres commis à Christchurch en Nouvelle-Zélande. Les deux étaient les fruits pourris de haine et d’intolérance. Pour les nombreux pays africains confrontés à des problèmes similaires, il pourrait y avoir des leçons à tirer de ces tragédies et des opinions des experts qui les ont commentés.

Dans un article publié peu après la fusillade de Christchurch, Will Harvie a rappelé à ses lecteurs qu’il ne fallait tolérer aucune intolérance. Cette idée avait également été évoquée dans « The Open Society et ses ennemis », un livre écrit pendant la Seconde Guerre mondiale par le philosophe autrichien Karl Popper à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, la même ville que celle où a eu lieu l’attaque horrible contre une mosquée.

Une intolérable intolérance !

Le livre de K. Popper peut servir de référence aux pays africains car l’intolérance peut sembler attrayante face à la terreur. Cependant, confronter l’intolérance à plus d’intolérance ne conduira qu’à la catastrophe, comme nous l’avons vu au Sri Lanka par exemple. En tant que Juif, K. Popper a été témoin de la campagne antisémite d’Adolf Hitler dans l’Allemagne nazie. Cela pourrait expliquer pourquoi il était fermement opposé aux prêches de l’intolérance ou la diffusion du discours de haine. K. Popper a mis l’accent sur la criminalisation des prêches intolérants, qui font partie des facteurs qui ont naturellement conduit à des attaques extrémistes dans des endroits tels que la Somalie, le Nigeria et le Kenya. Il a décrit la prédication de l’intolérance, comme une incitation au crime, tout comme une « incitation au meurtre. »

On pourrait dire qu’une politique purement répressive et intolérante aurait pu empêcher le Nigeria de subir les terreurs commises par Boko Haram. Cependant, rappelons que Boko Haram n’est devenu un groupe terroriste qu’après que son premier leader, Muhammad Yusuf, ait été assassiné de manière extrajudiciaire par la police nigériane. La police n’a manifestement pas toléré l’intolérance dans cette affaire, et l’intolérance s’est malheureusement retournée contre l’ensemble du pays.

Si l’incitation à l’intolérance est criminalisée, comment pouvons-nous alors décider de ce qui constitue une incitation à l’intolérance ? Si, par exemple, un prédicateur déclare qu’une personne qui ne s’habille pas d’une certaine manière devrait être rejetée au motif religieux, le prédicateur serait-il accusé d’incitation à l’intolérance? Comment savons-nous que ce qui semble être un appel à l’intolérance des intolérants n’est pas réellement un acte d’incitation à l’intolérance ?

Pourquoi la «tolérance» est-elle si compliquée ?

La «tolérance» elle-même est un mot ambigu. Le dictionnaire Oxford le définit comme : «La capacité ou la volonté de tolérer l’existence d’opinions ou de comportements que l’on n’aime pas ou avec lesquels on n’est pas d’accord». Par exemple, une personne peut ne pas aimer ou être en désaccord avec la culture d’une autre personne, mais l’individu en désaccord doit tolérer publiquement de telles choses, tant que cette culture en elle-même ne nuit à personne. Cependant, si la définition de la tolérance est élargie pour inclure les comportements de tolérance qui mettent les autres en danger, on peut alors comprendre pourquoi K. Popper plaidera pour des politiques qui fixent des limites.

Si quelqu’un appelle à la violence contre d’autres, une telle action constituera une menace et devra être traitée comme telle. Au Nigeria et dans la plus grande partie de l’Afrique, les prédicateurs de rue déclarent ouvertement que les personnes de foi opposée iront en enfer et que les croyants ne devraient pas s’associer à des incroyants. Une telle prédication peut facilement être qualifiée de discours de haine ou d’incitation à l’intolérance. Bien que l’on puisse souhaiter décourager une telle prédication, si celle-ci est criminalisée, cela peut conduire à une crise plus grave car les personnes religieuses, instrumentaliseront l’alibi de leur liberté d’expression, afin d’opposer les fidèles aux autres, considérés comme mécréants.

Le principe de coopération volontaire et de non-agression est essentiel

Alors que de nombreux pays africains tels que le Nigeria, la Somalie, le Kenya et l’Afrique du Sud sont confrontés à des crises liées à la haine, les citoyens et les institutions doivent promouvoir la coopération volontaire et la non-agression en tant qu’attributs essentiels de toutes les interactions sociales. Les citoyens doivent conserver leur liberté d’expression tant qu’ils ne nuisent pas aux autres. Ils devraient pouvoir choisir librement leurs associés et partenaires.

Promouvoir l’intolérance des intolérants n’est qu’un encouragement à l’agression et cela aura probablement des conséquences désagréables à mesure que les gens se jettent les clichés et les préjugés. Un proverbe sénégalais le rappelle avec humour dans une perspective plus personnelle: « Le jour où un moustique se posera sur vos testicules est le jour où vous saurez qu’il existe un meilleur moyen de résoudre les problèmes sans recourir à la violence ».

Feyisade Adeyemi, responsable académique aux Students for Liberty.

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