L’Internet africain parlera-t-il anglais ?


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Globe terrestre
Globe terrestre représentant une partie de l'Afrique

L’Internet africain parlera-t-il anglais ? A considérer la vague d’investissements anglo-saxons qui est en cours depuis la fin de l’été sur l’Internet africain, la chose est à craindre. Comme si les grands groupes multimédias anglophones mesuraient tout à coup l’importance d’un marché en plein essor, qui a la taille d’un continent, et que le développement des accès haut-débit par satellite va permettre de toucher plus rapidement que ne le pensaient jusque là les observateurs.

Plus tôt les positions seront prises, moins elles pourront être remises en cause, semblent penser les dirigeants de Time Warner, VIACOM, ou encore African Lakes. Ils viennent de surenchérir pour développer à marche forcée trois sites portails anglophones consacrés à l’Afrique et aux communautés noires dans le monde.

C’est pourquoi dès le 8 septembre 2000, on assistait au rachat du site  » Africana.com  » (créé en janvier 1999) par Time Warner. Selon les informations partielles qui ont été communiquées, le rachat du site s’est fait sur la base d’une valorisation de 300 millions de FF, et la prise de participation de Time Warner à hauteur de 60% au capital de  » Africana.com  » permettra au site d’investir plus de 150 millions de francs dans son développement et sa communication dans les prochains mois.

230 millions de FF pour valoriser  » Africa Online « 

Même logique avec le rachat, le 29 octobre 2000, du site  » Africa Online  » par African Lakes (ancienne compagnie commerciale coloniale anglaise, désormais dirigée par David Montgomery, qui a redressé le groupe médias Mirror, et qui a été chargé de transformer la vieille compagnie des comptoirs anglais en une worldcompany au service des nouveaux réseaux de communication). Selon les informations disponibles, la valorisation du site Portail anglophone se situe aux alentours de 230 millions de francs, et la montée d’African Lakes, qui prend 35% de plus du capital du portail, correspond à une investissement de 80 millions de francs dans son développement en Afrique (cybercentres) et dans sa communication au cours des prochains mois.

Dernier rebondissement, le rachat le 3 novembre 2000 du holding  » Black Entertainment Television  » par le groupe VIACOM, comprenant notamment la cession des intérêts de la holding dans le site Bet.com. A ce jour, la part représentée par le site dans la valeur totale retenue pour la cession (3 billions de dollars) n’est pas publique. Elle serait estimée à plusieurs centaines de millions de francs. Là encore, même si le site Bet.com est surtout orienté vers la communauté noire américaine, cette entrée de VIACOM va lui permettre de développer son offre à destination des internautes africains.

Investisseurs francophones hésitants

Etrangement, les investisseurs francophones, qui bénéficieraient pourtant d’une audience importante sur plusieurs marchés en plein essor, comme le Maroc, l’Algérie, la Côte d’Ivoire, le Sénégal ou encore le Cameroun, semblent encore hésiter à lancer leurs forces dans la bataille de l’Internet africain. Bataille linguistique et culturelle apparemment, mais dont les implications économiques et diplomatiques justifieraient plus d’ambition de leur part…

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