Que faire contre la censure ? Résister ou céder ? Les autorités égyptiennes ont décidé de suivre honteusement les ordonnances -fatwas- de la très conservatrice Université Al-Azhar. Les écrivains égyptiens sont sous une menace d’excommunication ou de la radiation de l’union des écrivains locaux. Rien n’échappe aux grands inquisiteurs, adeptes de l’immobilisme.
Après avoir réussi à faire plier le ministère égyptien de la Culture, en censurant puis en interdisant de la vente » le Pain nu » du romancier marocain Mohamed Choukri (30 ans après sa publication !) et presque tous les livres de la féministe Nawal Al Saadaoui, les intégristes -car il n’y a pas d’autre mot- d’Al Azhar s’en prennent à Mohamed Berrada, figure emblématique de la littérature marocaine. Et surtout grand apôtre de l’ouverture sur le monde.
Les imams de la » vénérable » université n’aiment pas que leurs compatriotes s’ouvrent à d’autres cultures sans leur aval. Leur dernière trouvaille pour punir les réfractaires est le divorce forcé. Nawal Al Saadaoui est menacée de séparation (légale !) avec son mari ! La terminologie théocratique est très instructive. Comme elle s’est » écartée du cercle de l’Islam « , elle était devenue indigne d’un conjoint musulman !
C’est de la bouche du muphti d’Egypte en personne qu’est sortie cette sentence digne du Moyen-Âge. Il est loin, très loin, le temps où les Egyptiens rayonnaient sur le monde. La maison des Fatimides est devenue un désert culturel, un dépotoir de navets cinématographiques… En surenchérissant sur l’Islam, le gouvernement égyptien fait le jeu des intégristes. Qui demandent toujours plus de répression sur les intellectuels, la pensée étant l’ennemi de l’intégrisme. De tous les intégrismes. Le pays de Naguib Mahfouz se meurt intellectuellement. Les rares réfractaires sont accusés d’apostasie. En l’an 2001 ! Si le régime de Moubarak ne veut pas continuer à faire le lit de l’islamisme, il faut qu’il réagisse très vite. Car il y a le feu en la demeure !