Rome, ville éternelle, est un carrefour de cultures depuis des millénaires… Mais si l’Antiquité témoigne des interactions importantes entre le monde africain et l’Empire romain, cette influence ne s’est pas arrêtée aux vestiges d’un lointain passé. La colonisation, notamment, a laissé des traces dans les relations qu’entretiennent l’Afrique et la capitale italienne. Et si aujourd’hui, l’héritage africain s’exprime assez difficilement à Rome, le rapprochement actuel de l’Italie avec le continent laisse entrevoir un avenir entrelacé.
Les racines antiques
Dans l’Antiquité, les liens entre l’Afrique et Rome étaient profonds et multiformes. L’Afrique du Nord, intégrée à l’Empire romain après les guerres puniques contre Carthage, devint une région stratégique pour son économie et sa culture. Des provinces comme la Numidie, la Maurétanie et l’Afrique proconsulaire fournissaient des denrées précieuses telles que de l’huile d’olive, du blé et des animaux, mais aussi des personnalités influentes.
Septime Sévère, empereur d’origine libyenne né à Leptis Magna, incarne cet apport africain à la tête de l’Empire. Sous son règne, Rome a bénéficié d’importants travaux architecturaux et administratifs, souvent influencés par ses racines africaines. Aujourd’hui encore, il est possible de contempler l’arc de Septime Sévère dans le Forum Romain. Lisez les explications de Bonjour Rome pour en savoir plus sur cet incontournable touristique.
La colonisation italienne en Afrique : des plaies encore à vif
À la fin du XIXe siècle, l’Italie entreprit de bâtir un empire colonial en Afrique. Bien qu’arrivant tardivement par rapport à d’autres puissances européennes, elle s’imposa dans des territoires comme l’Érythrée, la Somalie, la Libye et l’Éthiopie. Ces conquêtes coloniales, motivées par des ambitions économiques et géopolitiques, eurent des impacts profonds sur les régions concernées.
En Libye, notamment, l’occupation italienne fut marquée par de très violents conflits, avec la répression brutale des résistances locales sous le régime fasciste. Cette période a laissé des traces durables entre l’Afrique et Rome, avec des échanges souvent marqués par des relations compliquées et de la rancœur.
Un rapprochement après la seconde guerre mondiale
Le rapprochement actuel entre l’Italie et l’Afrique s’inscrit dans l’héritage d’Enrico Mattei, ancien dirigeant d’ENI, qui dès les années 1950 a noué des partenariats équitables avec les nations africaines en quête d’indépendance. En soutenant les nouveaux pouvoir en Afrique, comme le FLN algérien, il a posé les bases d’une coopération durable avec l’Afrique. Aujourd’hui, Rome renoue avec cette stratégie en renforçant ses liens avec le continent, notamment en Afrique du Nord, dans un contexte de diversification des approvisionnements énergétiques et de repositionnement géopolitique.
Pourtant, la prise de pouvoir par Giorgia Meloni n’a au départ pas facilité les relations entre l’Afrique et Rome. L’Italie, depuis longtemps un lieu de transit pour de nombreux Africains cherchant à immigrer dans d’autres pays d’Europe, en particulier la Grande-Bretagne, a renforcé le contrôle de ses frontières. Rien qu’entre janvier et septembre 2023, 130 000 personnes sont entrées sur le sol européen par l’Italie, ce qui a pu faciliter la prise de pouvoir de l’extrême droite dans le pays.
Cependant, l’une des premières initiatives de la cheffe du gouvernement a été d’organiser un sommet des dirigeants africains pour créer un « plan de développement pour le continent africain ». Principalement dans le but d’endiguer les flux migratoires, mais aussi pour développer des partenariats économiques créateurs d’emplois sur les deux continents.
Malgré cette atmosphère tendue, certains migrants africains décident de rester en Italie, et plus particulièrement à Rome. La plupart d’entre eux choisissent d’adopter un mode de vie à l’Européenne, en suivant l’adage « Si tu es à Rome, vis comme les Romains » … Mais il existe malgré tout une influence africaine, que l’on peut retrouver dans certains quartiers de la capitale. À l’est de la ville, notamment, on peut croiser plusieurs restaurants africains, où différentes communautés vivent en paix.