L’indigo : le tissu, symbole de commerce et de culture


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Indigo
Indigo

Les tissus sont bien plus que de simples étoffes. Ils racontent des histoires de traditions, d’échanges et, parfois, de souffrances. Alors que les étoffes d’indigo servaient de monnaie pour la traite des esclaves en France au XVIIIe siècle, au Nigeria, le tissu Adire, teint également à l’indigo, lutte aujourd’hui pour sa survie face à la concurrence des contrefaçons chinoises.

Ces deux récits, bien que distants dans le temps et l’espace, se rejoignent sur l’importance culturelle et économique du textile.

L’indigo : une couleur chargée d’histoire

L’histoire de l’indigo en France au XVIIIe siècle est à la fois fascinante et sombre. Dans le livre Indigo, les tissus de l’esclavage, on découvre l’histoire de Gaspard, un jeune garçon issu d’une famille d’« indienneurs », fabricants de tissus imprimés qui étaient utilisés comme monnaie d’échange pour acheter des esclaves en Afrique.

La famille de Gaspard participait à ce commerce atroce sans en être pleinement consciente, jusqu’à ce que le père du jeune garçon lui révèle la cruauté de cette réalité en lui montrant des gravures dissimulées.

Ce bleu indigo, obtenu à partir des feuilles d’indigotier, symbolisait alors un commerce prospère mais profondément inhumain. Ce livre jeunesse met en lumière, à travers les yeux d’un enfant, les rouages de l’histoire des échanges triangulaires entre l’Europe, l’Afrique et les Amériques, avec le tissu au cœur de cette tragédie humaine.

Adire : un art ancestral menacé par la modernité

À des milliers de kilomètres de la France, au Nigeria, un autre tissu teint à l’indigo, l’Adire, emblème de la culture Yoruba, fait face à une menace bien différente : la concurrence des tissus fabriqués en Chine. L’Adire, produit selon la méthode traditionnelle du « Tie and Dye », est un patrimoine inestimable pour les Yorubas. Chaque morceau de tissu est teint à la main, créant des motifs uniques et symboliques.

Cependant, les contrefaçons chinoises, produites en polyester et vendues à moitié prix, envahissent le marché nigérian. Comme le raconte Somodale Akomo Amosa, présidente du grand marché d’Abeokuta, la concurrence est rude. Les ventes d’Adire traditionnel sont en chute libre, et les producteurs locaux peinent à maintenir leurs activités face à cette concurrence déloyale.

Tradition contre modernité : un combat pour la survie

La crise économique qui secoue le Nigeria aggrave la situation. Alors que les contrefaçons chinoises inondent les marchés, de plus en plus de Nigérians optent pour ces tissus bon marché au détriment des étoffes locales. Malgré l’aide du gouvernement et les tentatives de soutien à l’industrie textile locale, comme la mise en place de magasins à prix réduits et la création de plateformes en ligne pour vendre de l’Adire original, la survie de cette tradition reste incertaine.

Deux mondes, un même enjeu : préserver l’héritage textile

Tandis que l’histoire des tissus indigo en France rappelle l’importance de se souvenir des erreurs du passé, la situation actuelle de l’Adire au Nigeria souligne la nécessité de préserver les traditions face aux défis de la mondialisation. Le tissu, qu’il soit une monnaie d’échange ou une œuvre d’art, incarne des récits puissants qu’il est vital de protéger et de transmettre aux générations futures.

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