Le porteur de cartable, de Caroline Huppert, sera prochainement diffusé sur France 2 et sur Arte. A travers le regard innocent d’Omar, un enfant de dix ans, le film aborde avec humanité les enjeux de l’année 1962. Humour et tendresse pour serrer au plus près le quotidien douloureux d’un moment-clé de l’histoire franco-algérienne.
Il s’appelle Omar, il a dix ans en 1962 et son cartable récolte les cotisations des Algériens qui soutiennent le FLN (Front de libération nationale). Né en France, il n’a jamais vu son pays mais il se bat avec ses parents pour soutenir » l’effort révolutionnaire « . Malgré les risques. Malgré Messaoud aussi, le chef de réseau aux allures louches qui refuse de rendre des comptes sur l’emploi de l’argent. Et malgré l’amitié qui le lie à Raphaël, son voisin de palier, Français d’Algérie rapatrié dans l’urgence. Pour Raphaël, l’indépendance est synonyme de cauchemar. Entremêlement de destins complexes sur fond d’une guerre lointaine.
Le Porteur de cartable n’est pas un téléfilm violent par les images. » C’est facile de filmer la violence, il n’y a rien de plus facile « , explique Caroline Huppert, la réalisatrice. Elle ne filme pas la guerre, mais ses effets, dans le quotidien du Paris des années 60. Pauvreté, humiliations, espoirs de la communauté algérienne… sous l’innocent regard d’un enfant qui, dans ces circonstances tragiques, devient très vite un homme. Tous les aspects de la guerre sont abordés » à travers le prisme des individualités « , comme aime à le dire la productrice Pascale Breugnot. » Ce qui m’intéresse, c’est l’âme humaine. Et quand j’ai lu Le Porteur de cartable, j’ai tout de suite vu que l’on pouvait en faire un film exceptionnel et très humain. »
Humour et polémique
Car au commencement était le livre. Celui d’Akli Tadjer en l’occurrence. C’est cet écrivain de nationalité algérienne né à Paris, » kabylo-parisien » comme il se définit, qui est le père du petit Omar. » Dans ce film les personnages prennent corps et vie. L’adaptation est vraiment très réussie « , se réjouit l’auteur. Akli Tadjer se souvient des manifestations, des événements, du racisme ordinaire de son enfance. Mais il a su justement recréer le décalage du regard enfantin. Difficile de ne pas pouffer avec Omar, de ne pas éclater rire comme un écolier avec le jeune héros, très bien interprété par Yannis Belal. L’humour intervient dans les moments les plus graves, comme un rappel à la réalité.
Prochainement diffusé sur France 2 puis sur Arte, ce téléfilm au ton juste de bout en bout aborde avec tendresse le thème difficile et douloureux de la guerre d’indépendance. Côté algérien et côté français. Sujet brûlant, polémique. Mais comme le dit très bien le comédien Hammou Graia qui interprète le père d’Omar : » Tout sujet est polémique tant qu’on n’en parle pas. » Briser le silence par les images : un pari réussi.