Des documents confidentiels émanant des cadres les plus élevés dans la hiérarchie de la banque de l’ONU ont été interceptés par les ONG opposées au projet. Avant d’être transmis à la presse. Ils accréditent les accusations de soutien d’une organisation internationale (censée lutter contre la pauvreté et contrebalancer la puissance du Nord) aux intérêts particuliers des compagnies pétrolières. Afrik.com se les est procurés.
Depuis le début du projet de pipe-line, la Banque mondiale a toujours affiché une totale impartialité entre les protagonistes de la polémique. Organisation non gouvernementales et associations de défense de l’environnement ont toujours accusé l’appendice financier de l’ONU de » rouler » pour les compagnies pétrolières, provoquant des démentis farouches.
En se procurant des messages confidentiels, sous forme de courriers électroniques échangés entre Jean-Louis Sarbib, vice-président de la Banque mondiale chargé de la région Afrique et Ian Johnson, vice-président chargé du secteur Environnement, et qu’elles ont immédiatement communiqué à la presse, les associations opposées au pipe-line entendent étayer les reproches qu’elles adressent à l’institution internationale chargée de lutter contre la pauvreté. Nous avons décidé de présenter de larges extraits de ces conversations électroniques que nous soumettons au jugement de nos lecteurs. Morceaux choisis.
Premier sujet de friction : le partenariat étroit avec les compagnies pétrolières :
Dans un message électronique, datant de l’été dernier et adressé à Ian Johnson, Jean-Louis Sarbib écrit ceci : » En ce qui concerne la discussion stratégique avec les entreprises pétrolières (…). J’ai parlé avec Exxon au sujet des questions d’image et d’opinion (…). Nous allons avoir un travail de conviction à faire ici. Nous avons discuté de l’éventualité d’une conversation entre JDW (James D. Wolfensohn, président de la Banque mondiale -Ndlr) et Exxon PDG (principale compagnie du consortium, à la base du projet -Ndlr), et le moment est peut-être venu pour celle-ci d’avoir lieu. «
Second grief : le mépris dans lequel sont tenues les Ong qu’il s’agit de neutraliser par un semblant de concertation :
» (…) Nous devrions engager les Ong qui formulent des critiques à notre égard dans un exercice séparé, ce qui nous permettrait d’écarter l’attention focalisée sur les divergences entre ces Ong et nous mêmes « , a suggéré Ian Johnson dans un mail à Jean-Louis Sarbib. Il conseillait à ce dernier » d’envoyer une » mission d’écoute » de haut niveau en Europe et dans la région (…) Il est important que la mission d’écoute soit composée de collègues qui, dans l’esprit de ceux qui nous rencontrent ne sont pas trop associés au projet . Je crains que si nous envoyons une équipe qui comprend des directeurs régionaux, nous ayons du mal à convaincre les Ong que nous sommes prêts à les écouter, à apprendre, et, éventuellement, à faire quelques propositions qui pourraient les calmer « .
Troisième reproche : la volonté de masquer la faiblesse des cahiers des charges :
Dans le même courrier, Jean-Louis Sarbib, semblait s’alarmer : » L’IFC (ou SFI, société financière internationale, dépendant de la Banque mondiale -Ndlr) a soulevé une question technique durant la réunion avec JDW sur l’exploitation (forestière -Ndlr) dans les zones » vierges » après leur classement en parc national. J’aimerais que vous puissiez regarder cette question et tenter de le résoudre à un niveau technique avec votre homologue à l’IFC. Je ne crois pas que ce serait une bonne idée que Jim (autre nom donné à James D. Wolfensohn), lui-même, soit l’arbitre en la matière « .