Au sommet de Durban en Afrique du sud, des études décrivent comment l’enchaînement de la maladie et de la pauvreté hypothèquent l’avenir économique du continent.
Les chercheurs en économie réunis à Durban, depuis lundi, dans le cadre du sommet mondial anti-sida ont mis en évidence un cercle vicieux. En Afrique, le sida mène de nombreuses familles à une plus grande pauvreté, et cette pauvreté accélère à son tour la diffusion de l’épidémie.
Trois sidéens sur quatre sont africains. » Le monde n’a jamais affronté un problème de cette ampleur « , a déclaré à Durban Callisto Madavo, le vice-président de la Banque mondiale pour la zone Afrique. 25 millions d’Africains sont soit porteurs du virus, soit atteints par la maladie. Les effets économiques de cette tragédie, déjà sensibles, le seront de plus en plus dans les années à venir.
Pour la seule Afrique du sud, les spécialistes estiment que le produit intérieur brut (PIB) sera, en 2010, inférieur de 17 % à la valeur qu’il aurait atteinte sans le sida. Le Botswana est le pays du monde le plus durement frappé avec la séropositivité de 36 % de sa population. On s’y attend à une augmentation foudroyante du nombre des très pauvres et des foyers monoparentaux dans la décennie à venir.
Le coût des traitements mis en cause
En Zambie, une étude a d’ores et déjà démontre que les deux-tiers des foyers avec enfants dans lesquels la mère est décédée se sont tout simplement dissous. Pris, au début, en charge par leurs grand-mères, la majorité de ces enfants seront tôt ou tard livrés à eux-mêmes.
Impossible d’évoquer, enfin, le lien entre sida et économie en Afrique sans aborder la question du coût des traitements. Le scandale de la non-disponibilité de médicaments efficaces pour les malades africains commence seulement à émerger. A Durban, quelques chiffres supplémentaires ont été versés au dossier noir de la mauvaise conscience internationale. En voici un, fourni par l’ONUSIDA : si les pays africains décidaient de fournir une trithérapie* à leurs nationaux contaminés par le VIH, il leur en coûterait, selon les Etats et compte-tenu du prix actuel des médicaments, entre 9 et 67 % de leur PIB.
* traitement le plus efficace actuellement pour contenir l’évolution de la maladie