Boire engagé. C’est ce que propose une nouvelle marque de soda, Mecca-Cola, qui s’élève contre » les impérialismes américain et sioniste « . Et qui récolte ainsi les voix de tous ceux que l’administration Bush exaspèrent. Retour sur un djihad économique.
Mecca-Cola. Une alliance de mots qui sonne étrangement décalée. C’est pourtant le nom d’une marque de soda, apparue en novembre dernier sur le marché français. » Mecca-Cola est un produit militant, de boycott de l’impérialisme américain et du sionisme « , revendique Tawfik Mathlouthi, Tunisien concepteur de l’idée, de la société et également directeur de la radio parisienne Radio Méditerranée.
Buvez engagé
» Ne buvez pas idiot, buvez engagé « . Telle est la devise qu’affiche clairement la marque sur ses bouteilles. Cette aventure idéologique, et commerciale, est le résultat d’une réflexion globale sur la politique américaine en général et à l’égard des Musulmans en particulier. Tawfik Mathlouthi assure cependant que sa démarche n’est pas anti-américaine : » J’aime l’Amérique mais l’Amérique ouverte sur le monde « . Chaque bouteille vendue est simplement une protestation à l’égard de la politique étrangère du président des Etats-Unis et de son soutien à Israël, assure-t-on.
Tawfik Mathlouthi va au bout de sa démarche pour contenter les consommateurs engagés. Il a créé une Fondation qui recevra 20% des bénéfices de Mecca-Cola. 10% doivent être reversés » à des oeuvres palestiniennes strictement humanitaires, privilégiant l’enfance et le savoir « . Les 10% restants seront reversés à des associations européennes » qui oeuvrent pour la paix dans le monde et qui soutiennent le peuple palestinien « .
Le fabuleux destin d’un produit engagé
Les premières bouteilles de Mecca-Cola ont fait leur apparition début novembre dernier, en France, à l’occasion du mois de Ramadan. Le produit a eu un succès immédiat : un million de bouteilles vendues sans qu’aucune communication n’ait été faite. Depuis, Tawfik Mathlouthi n’en revient pas. » Ce sont les distributeurs eux-mêmes qui me contactent. Aujourd’hui, la marque est présente dans toute l’Europe et au Moyen-Orient. Bientôt nous couvrirons l’Asie et l’Afrique. Fin mars 2003, nous serons sur tous les continents « . 16 millions de bouteilles sont actuellement en commande. De nouveaux goûts viennent diversifier l’offre, comme le Mecca-Café qui sort fin janvier.
Ce produit commercial greffé sur une idéologie politique est une première dans l’histoire du commerce. Certes, un produit iranien, le Zam Zam Cola, du nom d’une source sacrée de l’islam, existait déjà depuis 1974. A la différence que ce soda n’avait pas vocation à un quelconque boycott. » C’est l’usage qu’en ont fait les consommateurs arabes et musulmans après la seconde Intifada qui m’a inspiré pour créer un produit porté par un concept « , avoue Tawfik Mathlouthi. La force de Mecca-Cola est d’avoir réussi à dépasser le simple engouement communautariste et d’avoir su séduire tous les anti-Bush, nombreux, sans distinction de religion ou de nationalité.
Bien évidemment, le rêve du créateur de la marque est d’investir le marché américain, ce qui ne saurait tarder. » C’est important de combattre de l’intérieur et d’éveiller les consciences américaines « . Le djihad économique, porté par des arguments idéologiques, a commencé.