Fellag est un humoriste engagé. Le spectacle qu’il présente du 13 avril au 10 juin 2000 à la Maison de la Culture de Bobigny, en région parisienne, a d’abord été écrit et pensé à Alger.
Dans le spectacle de Fellag, les travers et les réalités de la société algérienne d’aujourd’hui ne sont pas vus de loin, de l’extérieur : ils ont d’abord été vécus, éprouvés, et c’est ce qui donne au sourire de Fellag toute sa densité de révolte.
Le texte du spectacle a d’abord été écrit en arabe et en langue kabyle, ce n’est qu’ensuite qu’il fut transposé en français. Il garde de cette étrangeté native une forme d’authenticité qui ne trompe pas, et c’est aussi pour cette raison que le rire y est parfois si bouleversant.
Il est l’interprète d’une révolte et surtout d’un espoir : parce qu’il n’y a pas d’indignation sans la conviction que les choses pourraient aller mieux, parce qu’il n’y a pas de colère s’il n’y a pas d’abord un immense amour. Cet amour est présent de bout en bout, dans la chaleur de la tendresse, dans la douceur d’une raillerie, dans une inflexion de voix soudain fragile…
Car en aucun cas Fellag ne se détache de la mission ambitieuse qu’il s’est assignée : « Mon travail d’acteur consiste à ridiculiser tous les travers de la morale dans la tradition comique de Molière, de Chaplin, d’Aristophane… » (interview dans La Terrasse, avril 2000). C’est peut-être, Méditerranée oblige, de ce dernier auteur qu’il se rapproche le plus : avec la même liberté de ton, la même faconde, la même jubilation dans la raillerie… et secrètement le même déchirement intérieur, et la même secrète indulgence.
Un bateau pour l’Australie, de et par Fellag, du 13 avril au 10 juin 2000, MC-93 de Bobigny, 1, bd Lénine, 93000 BOBIGNY, tel 01 45 48 92 97