Grande et belle soirée ce samedi 12 octobre dans la vaste salle en demi-cercle de L’Européen, à Paris, pour l’humoriste camerounais Ulrich Takam, qui a réussi à déchaîner les rires pendant une heure et demie de stand up, avec son nouveau spectacle « Entre deux mondes »
Profondément sincère et émouvant, Ulrich Takam a choisi de raconter son parcours, depuis son quartier natal jusqu’aux scènes européennes, non sans une jubilatoire auto-dérision, dans laquelle il entraîne aussi sa productrice française Ludivine Bonjoux, dont il se moque gentiment aussi, avec une imitation hilarante.
Rien ni personne n’échappe à sa vision à la fois lucide et ludique, et c’est sans doute le secret de l’alchimie unique qu’il parvient à produire sur scène : car les sujets qu’il aborde sont parfois graves, voire douloureux, et on se prend à rire grâce à lui à l’évocation des tragédies vécues par les migrants qui traversent le Sahel puis la Méditerranée au péril de leur vie, comme à celle de ses déboires amoureux…
L’art d’Ulrich Takam tient à une équation rare : l’alliance de la sincérité et du jeu, une manière délicate et subtile de lier le grave et le léger, une liberté et une souplesse de la langue dont il maîtrise tous les registres, tous les accents et toutes les intonations, réussissant la prouesse de placer son spectateur, lui-aussi, entre deux mondes, l’imaginaire et le réel, aussi bien que l’Europe et l’Afrique.
De cette dualité ludique il tire le meilleur : une poésie jubilatoire qui fait de son personnage un guide fiable vers un univers lumineux, celui du rire, où les vérités sont toutes bonnes à entendre et d’où l’on sort régénéré et plus fort pour affronter le monde. Grâce soit rendue à Ulrich Takam et à son talent immense pour ce voyage inédit entre deux continents et deux réalités qu’il nous fait ensemble apprécier et embrasser. L’amour, toujours, reste l’ultime secret, car qui aime bien, raille bien.