L’huile de palme, dénigrée à tort selon les scientifiques


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Accusée par des ONG et lobbies d’être reponsable de la déforestation ou encore de l’augmentation des maladies cardio-vasculaires, l’huile de palme a fait l’objet de violentes critiques ces dernières années. Or, les scientifiques affirment que cette huile riche en vitamine A et E contient de nombreuses vertus pour la santé. Pour rétablir la vérité sur cette dernière et rassurer les consommateurs, l’association interprofessionnelle du palmier à huile (AIPH) a organisé pour la première fois le Congrès africain de l’Huile de palme (APOC), dans l’hôtel Sofitel, à Abidjan. L’objectif de ce Forum est aussi de trouver de nouvelles stratégies pour développer la productivité du palmier à huile qui fait vivre des millions de personnes sur le continent.

De notre envoyée spéciale à Abidjan

Vous en avez tous déjà consommé au moins une fois dans votre vie, sans le savoir. L’huile de palme est présente dans de nombreux aliments tels que la margarine, la patte à tartiner, les barres chocolatées, les chips… En Afrique aussi elle est régulièrement utilisée pour concocter des plats tels que le Foutou, le soupou Kandjé, le tow… Pourtant, ces dernières années elle n’a pas eu bonne presse. Des ONG et lobbies, la surveillant comme le lait sur le feu, n’ont cessé de lui lancer des piques : trop grasse, elle est mauvaise pour la santé. Elle est responsable de la déforestation dans les principaux pays qui la produisent, ainsi que des principales maladies cardio-vasculaires…

Cette campagne de dénigrement de l’huile de palme vise à protéger l’huile de soja qui a perdu du terrain ces dernières années au profit de sa concurrente, dont la demande mondiale a augmenté de 8,7% par an depuis une vingtaine d’année, selon les acteurs du secteur du palmier.

Une campagne que l’association interprofessionnelle du palmier à huile (AIPH) a vivement dénoncé. Elle remporte d’ailleurs son procès en décembre 2012, après avoir porté plainte contre les Magasins U en France pour publicité mensongère sur l’huile de palme. Cette dernière qui estimait l’huile de palme nocif pour la santé et la forêt était intitulée « Stop à l’huile de palme » et « Oui aux prix bas mais pas aux prix de l’environnement. »

Une bataille judiciaire dans laquelle s’est engagée également le groupe agro-industriel ivoirien Sifca. « On ne pouvait pas rester sans réagir face à cette publicité mensongère sur l’huile de palme ni laisser ces idées négatifs ce propager », explique Bertrand Vignes, le PDG de Sifca. C’est justement la volonté de briser les idées reçues sur le palmier à huile qui a poussé les producteurs ivoiriens a organisé ce premier Congrès panafricain de l’Huile de palme. Le but du Forum est de rétablir la vérité sur « l’or rouge » pour rassurer les consommateurs et trouver de nouvelles stratégies pour améliorer les rendements. A ce jour, l’Indonésie reste le premier pays producteur d’huile de palme brut avec 28 500 millions de tonnes par an suivi de la Malaisie avec 19 000 millions. A eux seuls, ces deux pays représentent 86% de la production mondiale.

L’Afrique, qui ne représente que 3,8% de la production dans le monde, est encore loin d’atteindre ce niveau de productivité. Sur le continent, c’est le Nigeria qui est en tête du classement avec 919 000 tonnes par an, suivi de la Côte d’Ivoire avec 390 000 tonnes. En Afrique, le déficit de production est estimé à 800 000 tonnes d’huile de palme par an.

Un déficit à combler

Comment combler ce déficit ? C’est l’une des questions mise sur la table lors de ce premier Congrès qui a réuni des acteurs du secteur mais aussi des scientifiques qui ont assuré que, contrairement aux critiques dont elle fait l’objet, l’huile de palme n’est pas mauvaise pour la santé. Consommée depuis des millénaires en Afrique, « elle a un plus grand rendement que l’huile de soja », assure le professeur Daniel Sess, médecin biochimiste nutritionniste biologiste des hôpitaux. D’après lui, « les scientifiques n’ont jamais remis en question les vertus de l’huile de palme pour la santé. Ce sont des lobbies qui l’ont dénigrée pour protéger leurs intérêts économiques. Toutes les huiles se valent. Et la consommation régulière d’huile de palme a un effet protecteur sur l’organisme à cause des acides gras qu’elle contient. Elle est aussi bénéfique pour les femmes ménopausées, enceinte et contre l’ostéoporose. »

«L’huile de palme a de l’avenir»

Un avis partagé par Marie-Antoinette Carbonneau, professeure d’université de chimie à Montpellier, qui estime « qu’il y a une mauvaise compréhension de l’huile de palme à cause de la mauvaise publicité à son encontre. « L’or rouge » selon elle est un puissant anti-oxydants. Les acides-gras qu’elle contient sont très peu absorbés par l’organisme ». D’après la scientifique, « l’huile de palme a même un avantage par rapport aux autres huiles puisqu’elle peut être utilisée aussi dans l’industrie pour produire de nombreux produits tels que les viennoiseries, les gâteaux, ce qu’il n’est pas possible de faire avec l’huile de soja. Il y a tout un avenir pour l’huile de palme. D’autant que c’est une huile qui n’a pas besoin d’OGM. C’est donc aux Africains et Asiatiques de changer cette mauvaise presse dont elle fait l’objet. »

Un conseil que compte bien suivre Abdoulaye Berthe, secrétaire générale de l’association interprofessionnelle de la filière palmier à huile en Côte d’Ivoire (AIPH). Le secteur du palmier à huile qui fait vivre 2 millions de personnes en Côte d’Ivoire est vital en Afrique, rappelle-t-il. « Nous avons compris que nous devons nous regrouper pour le développer car c’est un levier de développement important. »

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