Face aux défis économiques et climatiques qui menacent le secteur oléicole, la Tunisie fait figure de modèle en lançant un plan ambitieux pour soutenir ses producteurs. Entre simplification des démarches administratives, soutien financier et valorisation des produits à forte valeur ajoutée, ce pays maghrébin se positionne en leader régional dans la préservation d’un patrimoine agricole stratégique. Une stratégie d’autant plus cruciale à l’heure où le marché mondial de l’huile d’olive montre des signes de volatilité.
Consciente des enjeux liés à l’huile d’olive, véritable trésor de son économie agricole, la Tunisie a mis en œuvre un plan d’action sans précédent. Les mesures annoncées le 16 novembre 2024 par le ministère de l’Agriculture témoignent d’une volonté affirmée de dynamiser la filière tout en protégeant les producteurs, notamment les plus vulnérables.
Des chiffres de la performance tunisienne
Malgré un contexte difficile, les recettes générées par les exportations de l’huile d’olive tunisienne durant la campagne 2023-2024 ont atteint 5,162 milliards de dinars, soit une augmentation spectaculaire de 50,8 % par rapport à la campagne précédente. Cette progression est attribuée à une hausse de 50,2 % du prix moyen de l’huile d’olive, passé de 17,590 mille dinars/tonne à 26,422 mille dinars/tonne.
En termes de volumes, les exportations ont légèrement augmenté de 4%, atteignant 195,3 mille tonnes, dont 28,6 mille tonnes d’huile d’olive conditionnée. Ce dernier segment, en particulier, a connu une hausse impressionnante de 46% par rapport à la saison précédente, reflétant l’efficacité des efforts de valorisation entrepris par les autorités tunisiennes.
Des mesures concrètes pour accompagner la filière
Simplification des démarches administratives : L’annulation de l’autorisation préalable à l’exportation et l’application des dispositions du décret n°949 marquent un tournant pour les exportateurs. Ces réformes réduisent les délais et les coûts, rendant les échanges plus fluides et compétitifs.
Soutien financier et logistique : La prolongation des délais de remboursement des crédits saisonniers et la mise en place d’un financement pour le stockage de l’huile d’olive sont des mesures cruciales pour soulager les trésoreries des oléiculteurs. En parallèle, l’utilisation des capacités de stockage de l’Office National de l’Huile (ONH) aide les producteurs à écouler leur production dans des conditions optimales.
Valorisation des produits et conquête de nouveaux marchés : Le gouvernement mise sur l’exportation d’huile d’olive conditionnée, un produit à forte valeur ajoutée. Cette stratégie, combinée à des initiatives marketing ciblées, vise à renforcer l’image de marque de l’huile tunisienne et à attirer de nouveaux consommateurs, notamment dans les marchés haut de gamme.
Perspectives mondiales : des récoltes meilleures, une baisse des prix en vue ?
Le marché mondial de l’huile d’olive connaît également des évolutions notables. En Espagne, le premier producteur mondial, la récolte 2024 devrait augmenter de 48 % par rapport à l’année précédente, pour atteindre 1,26 million de tonnes selon les prévisions du ministère de l’Agriculture. Cette hausse contraste avec la récolte désastreuse de 2023, l’une des pires jamais enregistrées.
En Grèce, des prévisions optimistes annoncent également une amélioration significative des récoltes. Ces perspectives plus favorables pourraient entraîner une stabilisation, voire une diminution des prix, après plusieurs années de flambée dues à des récoltes médiocres.
Alors que la Tunisie prend les devants, d’autres pays du Maghreb, comme agr et l’Algérie, pourraient s’inspirer de ces initiatives pour soutenir leur propre filière oléicole.