Dans le film Détention Secrète, le Sud-Africain oscarisé Gavin Hood explique comment les Etats-Unis transfèrent des terroristes présumés dans des prisons secrètes. Des prisons situées dans des pays où l’on est moins regardant sur l’usage de la torture et les traitements dégradants lors des interrogatoires…
Gavin Hood s’attaque aux rouages d’un système d’interrogatoire arbitraire et cruel. Dans Détention Secrète, le réalisateur sud-Africain oscarisé pour Tsotsi dénonce le transfert de présumés terroristes dans des centres de détention situés dans des pays où torturer ne pose pas de cas de conscience. Dans le cadre de la lutte anti-terroriste, les Etats-Unis utiliseraient depuis 1995 de tels établissements, dont le public n’a eu connaissance qu’en 2002. Selon l’organisation des droits humains Amnesty International, partenaire du film, « la CIA aurait envoyé des personnes vers des pays comme l’Arabie Saoudite, l’Égypte, la Jordanie, le Maroc, le Pakistan et la Syrie, souvent en affrétant des avions loués à des compagnies écrans ».
C’est justement en Afrique du Nord que Gavin Hood a choisi de tourner la majeure partie du film. Pour mettre en lumière l’horreur du procédé de « restitution » – le nom utilisé par Amnesty International pour désigner les transferts illégaux, mais également d’autres abus – il raconte le calvaire fictif qu’a dû endurer Anwar El-Brahimi, un Egyptien installé depuis ses quatorze ans au pays de l’Oncle Sam.
Humiliations et sévices
À sa descente d’avion, l’ingénieur en chimie est arrêté et interrogé sur ses liens présumés avec un certain Raschid Silime, dont le mouvement terroriste a revendiqué l’attentat ayant notamment coûté la vie à un agent américain de la CIA. Bien qu’il assure ne rien savoir sur cet homme, soupçonné de lui avoir téléphoné à plusieurs reprises, il est transféré secrètement par avion dans un pays du Nord de l’Afrique. Là, il est interrogé par une police secrète qui use de moyens biens moins conventionnels pour le faire parler.
Aux coups et aux humiliations ont succédé les tentatives de noyade et les électrochocs. Ce spectacle ne fait aucunement siller le tortionnaire, blasé et fatigué d’attendre les mots qu’il veut entendre. Il suscite en revanche des interrogations chez Douglas Freeman, un analyste de la CIA chargé de remplacer l’agent qui a péri dans l’attentat suicide. Pendant ce temps, la femme du détenu fait appel à un ami haut placé. Lorsqu’il lui révèle ce qu’est advenu son époux, elle cherche à le faire revenir mais elle se heurte au silence et aux mensonges des commanditaires de l’extradition. Des commanditaires qui auront raison d’Anwar El-Brahimi : perclus de douleur, il lâche quelques noms et informations…
Avec Détention Secrète, Gavin Hood met en exergue la quasi paranoïa qui s’est emparée des Etats-Unis depuis les attentats du 11 septembre 2001, où quelque 3 000 personnes ont trouvé la mort à New York. Un état d’esprit au nom duquel le pays le plus puissant du monde bafoue la présomption d’innocence et les droits de l’homme pour assurer sa sécurité. Sans prendre conscience qu’au final ces exactions entrent dans la composition des bombes qui lui explosent en pleine figure.
« Détention Secrète » (Rendition) de Gavin Hood
Avec Jake Gyllenhaal, Reese Witherspoon, Alan Arkin, Peter Sarsgaard, Omar Metwally, Igal Naor et Meryl Streep. Sortie française mercredi 9 janvier 2008.
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