Katia a toujours refusé de quitter l’Algérie. Malgré les menaces. Portait d’une journaliste battante. Son tempérament l’éloigne des tempêtes médiatiques. Charme et discrétion.
Katia aime la couleur d’Alger. Blanche. Même quand elle vire au rouge. Et Katia au jaune. La peur quand les attentats se font pressants. Quand ses collègues se font descendre. Un à un. Ou en groupe. Comme cette bombe au quotidien » Soir d’Algérie « . Elle y était. Elle en est sortie vivante. Et déterminée à continuer son travail. A Alger.
» Mon premier reportage m’a secouée. J’avais à peine 23 ans. C’était les débuts de la presse indépendante. On y croyait, on était dans l’euphorie. Complètement shootés à l’enthousiasme. J’avais fait une enquête dans l’aile des cancéreux, à l’hôpital Mustapha. Une gifle pour une débutante comme moi ! « . Des gifles de cette sorte, elle en recevra beaucoup. Trop. Les » évènements » s’en chargeront.
Entre l’hôtel et la maison de la presse
L’enfer au rendez-vous. Dès 1991, les problèmes politiques ont occulté tous les autres sujets. Journaliste économique, elle se retrouve à relater les massacres. A longueur de journal. De journée. A ne plus en finir. La mort se rapproche. Près de soixante-dix journalistes sont tués. La profession en comptait cinq cents. Chaque mort porte un visage. Un sourire. Des larmes. » S’enfuir ? Pour aller où ? Paris n’est pas faite pour moi. Et il y a déjà beaucoup de journalistes algériens en France. La plupart y vivent difficilement. Je ne peux pas faire un autre boulot. Surtout loin d’Alger « .
Désamour : Katia n’est pas attachée » charnellement » à son journal. A ses journaux. Parce qu’elle en a essayé beaucoup, après son départ d’El-Watan. Avant de se fixer au Matin. » La pression s’est atténuée. On s’est rendu compte, comme dans toutes les autres activités, il y a les patrons et les autres. Le journalisme est devenu vertical, hiérarchisé « . Désillusion. Fin d’une utopie.