L’habitat menaçant ruine : une colle au Maroc


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Le ministre marocain de l’habitat stagne. Nabil Benabdallah affirme avoir besoin de davantage de fonds pour lutter efficacement contre l’habitat menaçant ruine.

Que faire des habitats menaçant ruine au Maroc ? Le fléau concerne près de 66 000 logements. L’année dernière, dix personnes ont trouvé la mort dans l’effondrement de leur maison et des dizaines d’autres, dont plusieurs sinistrés aujourd’hui sans abri, ont été blessés. Le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Politique de la ville, Nabil Benabdallah, a fustigé ce mardi à la Chambre des représentants le manque de moyen afin de parvenir à des solutions efficaces. Alors qu’il dispose d’une enveloppe de 2,5 milliards de dirhams via le Fonds de solidarité pour le logement, consacrés à la lutte contre les bidonvilles et à la restructuration de certains quartiers, le ministre a indiqué avoir besoin de 10 milliards de dirhams.

Au-delà de l’aspect financier, Nabil Benabdallah a énuméré plusieurs problèmes dont le manque de compétence au niveau local, le déficit en ressources humaines, le nombre important d’intervenants et le manque de coordination entre l’Etat et les différentes institutions, les offres insuffisantes de relogement… Dans ses propositions, le ministre de l’habitant préconise la réhabilitation et la mise à niveau urbaine et architecturale des habitats menaçant ruine, la création d’une agence spécialisée dédiée à la lutte contre ce phénomène, de nouveaux textes de loi et le réajustement du Fonds de solidarité pour le logement.

Proposition, inaction

Qu’en est-il réellement sur le terrain ? Malgré toute la bonne volonté affichée par Nabil Benabdallah hier au Parlement, beaucoup critiquent son manque de réactivité et affirment que la situation sur le terrain est toujours la même. Pire encore, elle se serait empirée depuis son investiture. Le député USFP Mohammed Ameur a mis en exergue le manque de « volontarisme politique », prévenant qu’une nouvelle catastrophe pourrait intervenir à tout moment. « La question d’éradication des maisons menaçant ruine n’a jamais été classée comme l’une des priorités fondamentales de nos politiques publiques », a-t-il lancé. D’après lui, le manque d’investissement des politiques pourrait engendrer des troubles sociaux dans les villes comme Casablanca, Fès ou encore Essaouira où un ras-le-bol commence à se faire ressentir. La capitale économique du royaume est la plus menacée avec 51% d’habitats menaçant ruine. Un député RNI a, quant à lui, dénoncé un système rigide. Il s’est demandé pourquoi l’Etat tardait à intervenir alors que les fonds ont été collectés : 10 millions de dirhams de la part du Conseil de la ville et 500 000 dirhams de l’Agence urbaine. Les expertises ont également été réalisées.

Au total, 740 000 personnes dans 31 anciennes médinas sont concernées par le phénomène. Le président de la commune de Sidi Belyout, Kamal Daissaoui, a proposé, selon Libe.ma de placer cette problématique à la tête des priorités gouvernementales. Le sera-t-elle vraiment ?

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