L’exemple Livres d’Afrique


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Trente-cinq maisons d’édition, près de 200 écrivains, plus de 5 800 visiteurs, la seconde édition du salon Livres d’Afrique, qui s’est déroulée samedi dernier à l’Unesco à Paris, a été un modèle de réussite. Loin des sempiternels couacs d’organisation, malheureusement trop souvent prévisibles pour les événements afro, en France ou ailleurs, la vaillante équipe d’étudiants mérite les lauriers d’une gloire qui n’est pas usurpée.

Samedi 28 octobre, Unesco, Paris. La seconde édition du salon Livres d’Afrique bat son plein. L’équipe, fatiguée par une dernière ligne droite qu’on imagine éprouvante, est au charbon depuis 4h du matin, mais elle peut être satisfaite : l’événement est un succès. Tout aussi bien organisé, qu’il l’aurait été par une agence d’événementiel professionnel. Toutefois, on aurait tord d’oublier que tout n’est que le fruit du travail d’une association d’étudiants, uniquement motivée par le soucis de bien faire et la volonté de (re)donner toutes ses lettres de noblesse à la littérature africaine.

Aux littératures africaines, devrais-je écrire. Car l’Afrique, et c’était là le thème du salon, c’est 53 nations et autant de sensibilités différentes. L’Afrique c’est une myriade de langues, même si l’on a tendance à découper en 5 grandes catégories : les anglophones, les francophones, les arabophones, les lusophones et les hispanophones. Témoin de cette diversité, c’est la littérature gabonaise qui était, cette fois-ci, à l’honneur. Pas un salon gabono-gabonais pour autant, car l’événement, entre conteurs, conférences et exposants, a été embrasser l’ensemble des différents visages du livre africain et de sa diaspora. En tout, ce sont 35 maisons d’éditions et près de 200 écrivains qui avaient fait le déplacement.

Une nouvelle génération

Un travail de titan. Jean-Paul Mvogo, président de l’association, déjà en charge de l’événement l’année dernière avait juré qu’on ne l’y reprendrait plus, tant l’organisation nécessitait une telle débauche d’énergie. Il a pourtant replongé, corps et âme, et personne ne saurait s’en plaindre, pour enfoncer le clou du succès de l’an passé. « L’année dernière, j’avais dit ‘plus jamais ça’. Mais bon, le projet, qui nécessite tout de même un an de travail, est tellement intéressant. Et puis c’est aussi l’histoire d’une bande d’amis », explique-t-il. De ci, de là, le noyau de l’organisation, 10 étudiants, n’a pas ménagé ses efforts pour être à la hauteur de leurs ambitions. Avec des contraintes budgétaires serrées et surtout chacun leurs propres études, ils ont abattu des montagnes et il faut leur tirer ici notre chapeau.

A l’image d’événements de la nouvelle génération, comme Boucles d’Ebène des sœurs Tacite ou les Braves garçons d’Afrique, Livres d’Afrique, d’une qualité professionnelle, marque un tournant chez les acteurs culturels de la communauté afro-caribéenne en France. Car il ne faut pas se le cacher, les événements afro gardent souvent une bien triste réputation quant à la fluidité de l’organisation. Comme en témoigne le déroulement pour le moins décousu des Césaires de la musique.

« Nous sommes particulièrement contents de cette édition, notamment par rapport à la sociologie du public que nous avons réussi à drainer. Il était plus diversifié que l’an dernier et c’était un de nos objectifs que d’attirer des non-africains », explique Jean-Paul Mvogo. Il tient, par ailleurs, à remercier en particulier l’Unesco, qui accueillait l’événement, la Francophonie, la mairie de Paris et, bien évidemment, le parrain de cette seconde édition, l’écrivain et ambassadeur du Congo en France, Henri Lopes. A nous seulement de tous les féliciter et d’espérer qu’ils rempileront l’année prochaine.

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