Il y a deux pays aux potentialités énormes. Ils sont voisins. Leur destin, commun il n’y a pas très longtemps, a divergé. L’Afrique du Sud a souffert de l’Apartheid, le Zimbabwe d’un colonialisme anglais pas très humaniste. Johannesburg avait Nelson Mandela, Harare Robert Mugabe. Si le combat des deux hommes force l’admiration et se ressemble beaucoup, les points de convergence s’arrêtent à ce stade. Mandela a laissé le pouvoir à son dauphin Thabo Mbeki et Mugabe, lui, continue de s’y accrocher à pleines dents. L’économie du Cap est le moteur régional, celle de Harare est en faillite.
Redistribution des terres. Là où Thabo Mbeki procède avec précaution, Robert Mugabe a la délicatesse d’un éléphant dans un magasin de porcelaine. En lâchant les anciens combattants, le régime de Robert Mugabe ne s’attendait pas à être dépassé par tous les côtés. Plus personne, même l’Angleterre de Tony Blair, ne conteste la légitimité de la redistribution des terres. Les fermiers blancs zimbabwéens, revenus de leur position jusqu’au-boutiste, réclament une meilleure organisation de cette redistribution. Mais le héros de la libération, dans sa croisade pour un nouveau mandat, a besoin de symboles pour cacher son échec économique et politique. Il s’en prend violemment aux fermiers, à la presse et à l’opposition. La révolution est morte. Il reste Le dictateur.
Presse muselée, assassinat d’opposants, le parti au pouvoir, l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (ZANU-PF), est en train d’écrire une nouvelle page sanglante du pays. Comment un pays riche peut-il devenir aussi dépendant de l’aide extérieure ? La réponse est à la frontière Sud. Le seul pays qui s’en sort est l’Afrique du Sud. C’est un Etat démocratique. Non despotique. Comme son voisin.