L’exemple de l’Inde fait craindre la troisième vague de Covid-19 en Afrique


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Un chercheur en laboratoire
Un chercheur en laboratoire

Les cas de Covid-19, dans beaucoup de pays d’Afrique augmentent de plus de 20% d’une semaine à l’autre et la troisième vague du continent s’accélère et se rapproche des chiffres de la première vague, il y a un an, avec plus de 120 000 cas hebdomadaires enregistrés en juillet 2020. De nouvelles données de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) montre une détérioration de la situation et la crainte d’une forte dégradation de la situation dans plusieurs pays.

Les cas de Covid-19 sur le continent africain sont passés à plus de 116 500 au cours de la semaine se terminant le 13 juin, contre seulement 91 000 cas la semaine précédente. Cela fait maintenant un mois que l’épidémie progresse et l’Afrique a désormais franchi la barre des 5 millions de cas. Dans 22 pays africains les cas ont augmenté de plus de 20% au cours de la dernière semaine et les décès de près de 15%.

Les nouveaux cas enregistrés chaque semaine en Afrique ont désormais dépassé la moitié du pic de la deuxième vague qui était montée à 224 000 cas hebdomadaires début janvier 2021. Dans certains pays, le nombre de cas est même supérieur à cette seconde vague et la République Démocratique du Congo, la Namibie et l’Ouganda ont signalé leur plus grand nombre de nouveaux cas hebdomadaires depuis le début de la pandémie.

« L’Afrique est au milieu d’une troisième vague à part entière. La trajectoire donne à réfléchir et l’augmentation des cas devrait inciter tout le monde à agir d’urgence. Nous avons vu en Inde notamment à quelle vitesse Covid-19 peut rebondir et submerger les systèmes de santé. Les mesures de santé publique doivent donc être intensifiées rapidement pour trouver, tester, isoler et soigner les patients et pour retrouver rapidement leurs contacts », a déclaré le Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.

Parallèlement à d’autres facteurs, le manque de respect des mesures de prévention (mesures barrières) de la transmission a alimenté la nouvelle vague qui coïncide avec un temps saisonnier plus froid en Afrique australe et qui accélère, à mesure que des variantes plus contagieuses se propagent. La variante Delta a été signalée dans 14 pays africains et les variantes Alpha et Beta ont été trouvées dans plus de 25 pays africains.

Le déploiement de la vaccination en Afrique s’accélère pourtant avec plus de 5 millions de doses administrées au cours des cinq derniers jours, contre environ 3,5 millions de doses par semaine au cours des trois dernières semaines. Près de 12 millions de personnes sont désormais complètement vaccinées, mais cela représente encore moins de 1% de la population africaine et le personnel soignant est encore loin d’être suffisamment protégé.

Vingt-trois pays africains ont utilisé moins de la moitié des doses qu’ils ont reçues jusqu’à présent, dont quatre des pays connaissant une résurgence. Environ 1,25 million de doses d’AstraZeneca doivent être utilisées d’ici la fin août dans 18 pays pour éviter la date de péremption des vaccins. Sept pays africains ont déjà utilisé 100% des vaccins reçus via COVAX et sept autres en ont administré plus de 80%.

« L’augmentation des cas et des décès est un signal d’alarme urgent pour les pays à la traîne pour étendre rapidement les sites de vaccination, pour atteindre les groupes prioritaires pour la vaccination et pour répondre aux préoccupations de la communauté. Même si nous nous félicitons des récents engagements internationaux en matière de vaccins, si nous voulons freiner la troisième vague, l’Afrique a besoin de doses ici et maintenant », a déclaré le Dr Moeti.

Près de 85% des doses de vaccin dans le monde ont été administrées dans des pays à revenu élevé et intermédiaire supérieur – une moyenne de 68 doses pour 100 personnes dans les pays à revenu élevé, contre à peine 2 doses pour 100 personnes en Afrique. Le nombre de doses administrées dans le monde jusqu’à présent aurait pourtant été suffisant pour couvrir tous les agents de santé et les personnes âgées, si elles avaient été réparties équitablement.

Soutien de l’OMS

L’OMS aide les pays à examiner et à mettre en œuvre des plans de résurgence jusqu’au niveau du district et prépositionne des fournitures pour être prêtes à être déployées dans les pays qui en ont besoin. L’OMS étend également l’accès à des tests de diagnostic rapide de détection d’antigènes faciles à utiliser dans les communautés qui, autrement, n’auraient pas facilement accès aux tests standard de réaction en chaîne par polymérase pour le Covid-19.

Grâce à un réseau régional de référence de laboratoire Covid-19, l’OMS travaille avec les pays pour expédier des échantillons pour le séquençage afin de mieux comprendre où et dans quelle mesure les variants circulent.

L’OMS est au centre du déploiement de la vaccination contre la Covid-19 en Afrique, travaillant pour coordonner tous les efforts, donnant des orientations politiques et techniques et un soutien personnalisé aux pays africains avec un éventail de partenaires, notamment en aidant les pays à accélérer leurs déploiements.

Avec ses partenaires, l’OMS mobilise les communautés des pays africains par l’intermédiaire de leurs dirigeants et associations, et des réseaux sociaux, pour promouvoir le respect des mesures préventives, contrer les rumeurs et la désinformation et surmonter les réticences vis-à-vis des vaccins.

Le Dr Moeti a pris la parole lors d’une conférence de presse virtuelle aujourd’hui facilitée par APO Group. Elle était accompagnée de l’honorable Dr Jane Ruth Aceng Ocero, ministre de la Santé de l’Ouganda, et de l’honorable Dr Rémy Lamah, ministre de la Santé de la Guinée. Le Dr Richard Mihigo, coordinateur, Programme de vaccination et de développement des vaccins, Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, et le Dr Thierno Balde, chef d’équipe, Partenariats opérationnels, Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, étaient également présents pour répondre aux questions.

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