L’ex-Président du Burundi, Domitien Ndayizeye, aujourd’hui sénateur et l’un des ténors du plus important parti d’opposition dans le pays, a été arrêté lundi à Bujumbura. Il est accusé d’avoir fomenté une tentative de coup d’Etat. Huit personnes ont déjà été écrouées et interrogées dans cette affaire, dont l’ancien Vice-président Alphonse-Marie Kadege.
Domitien Ndayizeye sous les verrous. L’ex-Président burundais a été appréhendé lundi au Sénat où l’on venait de lever son immunité parlementaire. Il est accusé « d’atteinte à la sûreté de l’Etat » pour une tentative présumée de coup d’Etat. Huit personnes sont déjà écrouées dans le cadre de cette affaire, dont l’ancien Vice-président Alphonse-Marie Kadega. Six personnes sont toujours activement recherchées par les autorités.
Domitien Ndayizeye, aujourd’hui sénateur, est l’un des chefs de file du Front pour la démocratie au Burundi (Frodebu), principal parti d’opposition dans le pays dont les trois ministres ont claqué la porte, en mars dernier, d’un gouvernement dont ils se refusaient à être complices. Vice-président pendant la première période de la transition politique de novembre 2001 à avril 2003, il a dirigé le pays de mai 2003 à août 2005. Après avoir été entendu pendant trois heures au Palais de justice par le procureur de la République, il a été amené à la prison centrale de Mpimba.
Une liste de 15 personnes
C’est au tout début du mois d’août que le ministre de l’Information, Karenga Ramadhan, avait annoncé avoir déjoué une tentative de coup d’Etat. La réaction ne s’est pas faite attendre. Hormis l’ex-chef d’Etat, huit personnes, dont son ancien Vice-président Alphonse-Marie Kadega, le colonel Damien Ndarisigaranye et Déo Niyonzima (Président du Parti pour la Réconciliation des Peuples), ont déjà été arrêtées par le Service National de Renseignements. Six personnes de la liste de 15 noms, dont l’ancien porte-parole, Pancrace Cimpaye, et l’ancien chef de protocole, Isaïe Simbare, de Ndayizeye sont encore dans la nature.
Des témoignages dénoncent des actes de torture dont auraient été notamment victimes l’ancien Vice-président et le colonel Ndarisigaranye. Pour sa part, Nurreldin Satti, le patron de l’Opération des Nations Unies au Burundi (Onub) a appelé, lundi, « au strict respect du droit et de la dignité du Président Domitien Ndayizeye ». A l’heure où les relations entre les autorités et l’opposition étaient des plus tendues, les uns fustigeant ouvertement les autres pour la mauvaise gestion des affaires de l’Etat, cette tentative de putsch arriverait à point nommé. D’aucun accusent le pouvoir en place de vouloir légitimer la répression contre une opposition de plus en plus véhémente. Au sortir de 13 ans de guerre civile, il semblerait que le pays cherche toujours sa voie vers une démocratie apaisée.