Pour lutter contre l’immigration clandestine et écourter les séjours des travailleurs étrangers sur son sol, la Commission européenne a l’intention d’ouvrir des agences pour l’emploi en Afrique. Franco Frattoni, le commissaire à l’immigration, a annoncé, jeudi, que le Mali est le premier pays dans lequel cette opération sera expérimentée, à partir du mois prochain.
« Nous voulons que les migrants viennent ici légalement et qu’ils rentrent dans leurs pays d’origine une fois que leurs contrats sont terminés », c’est ainsi que s’est exprimé, hier, à Bruxelles, Franco Frattoni, le commissaire à l’immigration et vice-président de la Commission européenne des dossiers justice, liberté et sécurité. Il expliquait alors l’objectif visé par une nouvelle mesure de l’UE : la création d’agences pour l’emploi dans les pays africains.
Les travailleurs saisonniers du BTP, du tourisme et de l’agriculture, seront la cible privilégiée de cette opération. Ils combleront le manque que connaît l’Union européenne dans ces secteurs d’activité où sont recherchés des employés de faible qualification.
Pour M. Frattoni, il s’agit d’une expérience destinée à encourager « une immigration de circulation » dans l’UE, qui facilite les allers-retours des immigrants entre le pays hôte et le pays d’origine. Le but étant clairement de développer une immigration temporaire, d’éviter qu’ils ne s’installent définitivement dans l’un des Etats de l’UE.
Le Mali, pays pilote
C’est au Mali que devra être lancée la première agence pour l’emploi, dès le mois de février. Ce pays a été choisi, d’une part, parce que nombre de candidats au départ en sont originaires. D’autre part, parce qu’il possède une agence nationale pour l’emploi. Enfin, parce qu’il a l’expérience des accords bilatéraux, notamment avec la France.
En contrepartie, la Commission européenne attend du Mali qu’il renforce avec elle la coopération pour la lutte contre l’immigration illégale et la signature d’accords de réadmission des immigrants clandestins.
Cependant, cette politique de développement de l’immigration légale nécessite que les Etats européens acceptent de déclarer officiellement le quota de travailleurs étrangers dont leurs économies ont besoin. Mais, pour la plupart, ils sont réfractaires à cette idée. M. Frattoni a déclaré : « dans mon pays, l’on avance le chiffre de 400 000 personnes. Ca c’est pour l’Italie. Mais je ne sais pas combien de migrants sont nécessaires à l’Allemagne, ou à la Belgique, etc. » Il a ajouté qu’il espérait progresser sur ce point dans des discussions ministérielles qui auront lieu le mois prochain.
Le commissaire à l’immigration n’a pas manqué de rappeler la nécessité de renforcer Frontex, l’agence européenne de surveillance des frontières, et a appelé les Etats membres à y investir davantage de fonds.
En 2006, ce sont quelque 36 000 migrants originaires de l’Afrique sahariennes qui, en quête d’un avenir meilleur, ont débarqué sur les seules îles Canaries. Soit six fois plus qu’en 2005.