
Alors que la rougeole poursuit sa propagation en Europe, la Belgique alerte sur une hausse préoccupante du virus détecté dans ses eaux usées. Un variant particulièrement contagieux, identifié sous le nom de B3 et originaire du Maroc, suscite l’inquiétude des chercheurs et des autorités sanitaires dans la majorité des pays européens.
Une épidémie historique au Maroc qui franchit les frontières
Depuis septembre 2023, le Maroc fait face à une épidémie de rougeole d’une ampleur historique. À ce jour, le pays a enregistré plus de 40 000 cas suspects, dont environ 6 300 confirmés, et près de 150 décès, principalement parmi les enfants de moins de 12 ans. Cette épidémie frappe particulièrement les milieux à forte densité comme les écoles et les prisons, facilitant la transmission du virus.
L’importance de l’épidémie est elle que les Autorités sanitaire européennes avertissent leurs ressortissants en déplacement, considérant qu’un vaccin s’impose avant des vacances ou un séjour professionnel à Marrakech ou Rabat : « Face à l’épidémie de rougeole qui sévit actuellement au Maroc, Santé publique France rappelle l’importance de la vaccination en cas de projet de séjour et appelle à la vigilance des professionnels de santé dans le contexte des vacances scolaires. » indique sur son site Santé Publique France.
Mais aujourd’hui la propagation du virus a désormais dépassé les frontières marocaines, touchant plusieurs pays européens. Aux Pays-Bas, 45 cas récents ont été liés directement à des séjours au Maroc, tandis que l’Espagne a recensé 107 cas en 2025, dont 34 % liés à des infections importées du Maroc et de Roumanie. La Belgique est particulièrement affectée avec 551 cas enregistrés entre février 2024 et janvier 2025, selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), ce qui en fait l’un des pays européens les plus touchés derrière la Roumanie, l’Italie et l’Allemagne.
La France face à une recrudescence inquiétante des cas
En France, l’impact de l’épidémie marocaine est particulièrement notable en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, où l’Agence Régionale de Santé (ARS) signale une hausse significative des cas liés à cette épidémie. Depuis janvier 2025, 21 cas y ont été enregistrés, représentant un tiers du total national, avec des complications graves observées chez près de 30 % des personnes infectées.
Un foyer épidémique a notamment été identifié au lycée Thiers de Marseille, avec cinq cas confirmés en février. L’ARS insiste sur l’importance de la vaccination, obligatoire en France depuis 2018, pour limiter la propagation.
Le variant B3 sous haute surveillance en Belgique
En Belgique, des chercheurs de l’Université catholique de Louvain ont récemment détecté une grande quantité du variant B3 du virus, originaire du Maroc, dans les eaux usées de Bruxelles. Bien que l’institut de santé belge Vivalis n’ait recensé que 18 cas cette année, ce chiffre pourrait être largement sous-estimé en raison de la forte charge virale du variant, compliquant sa détection chez certains patients.
Cette situation préoccupante pousse les autorités sanitaires belges à renforcer la surveillance épidémiologique et à promouvoir activement la vaccination.
La pandémie de COVID-19, facteur aggravant de la situation actuelle
La recrudescence générale en Europe est également liée à une baisse de la couverture vaccinale pendant la pandémie de COVID-19. Les confinements successifs et la réorientation des ressources sanitaires ont entraîné des retards dans les calendriers de vaccination infantile classiques, créant des poches de populations vulnérables.
Face à cette menace sanitaire grandissante, les autorités sanitaires européennes et marocaines multiplient les campagnes de vaccination et appellent à une coopération internationale renforcée afin d’éviter une crise sanitaire plus grave. Les experts recommandent également une vigilance accrue pour les voyageurs se rendant au Maroc ou en provenance des zones à risque, avec une vérification systématique du statut vaccinal.