Par une attaque-surprise, les troupes d’Addis-Abeba ont brusquement enfoncé le front à l’intérieur de l’Erythrée. La guerre pourrait finir, mais cela ne résoudra pas la question alimentaire.
La décision se rapproche sur le front entre l’Erythrée et l’Ethiopie, au bénéfice de ce dernier pays cependant que 500 000 Erythréens fuient comme ils le peuvent la zone des combats. L’armée éthiopienne semblait avoir réussi, samedi 20 mai, à enfoncer les lignes érythréennes et à prendre position à proximité de Mendefera, une ville stratégique sur la route de la capitale Asmara.
Après des mois de piétinement face aux tranchées ennemies, l’armée d’Addis-Abeba a surpris les observateurs, en attaquant là où les Erythréens ne l’attendaient pas : dans les montagnes. Selon des sources britanniques, l’armée éthiopienne a recouru à des méthodes archaïques mais efficaces. Plus de 100 000 fantassins, accompagnés de milliers d’ânes et de mules, se seraient frayés secrètement un passage à travers les montagnes de la rive érythréenne du fleuve Mereb. Leur objectif final serait la ville de Mendefera, où s’opère la jonction entre les armées érythréennes du centre et de l’ouest.
Aller au bout
500 000 Erythréens fuient l’avancée éthiopienne. Des milliers d’entre eux sont déjà arrivés au Soudan. Pour tous, la question de leur alimentation risque de devenir dramatique dès les prochains jours.
L’Onu et les Etats-Unis – dont les diplomates commencent à quitter Asmara – ont appelé à l’arrêt immédiat des combats. Kofi Annan, secrétaire général des Nations-Unies, a jugé » tragique la poursuite d’un effort militaire à grande échelle dans ces circonstances « . Mais l’Ethiopie, si elle se défend de vouloir occuper durablement l’Erythrée, réaffirme son objectif de mettre fin à cette guerre de deux ans en détruisant les bases mêmes de son ennemi.