L’Espagne s’insurge contre la décision du Maroc de refouler des eurodéputés en mission d’observation au Sahara occidental


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L'eurodéputé Isabela Sera
L'eurodéputé Isabela Sera

Une délégation de parlementaires européens s’est vue interdire l’accès au Sahara occidental, territoire non autonome selon l’ONU, suscitant une vive controverse sur la liberté d’observation internationale dans la région. Les eurodéputés, qui devaient évaluer l’application d’une décision cruciale de la Cour de justice européenne, ont été contraints de rebrousser chemin dès leur arrivée à l’aéroport d’El Aaiún.

La délégation, composée de l’Espagnole Isa Serra, du Finlandais Jussi Saramo et de la Portugaise Catarina Martins, avait pour objectif d’examiner le respect par le Maroc de la récente décision de la Cour de justice de l’Union européenne. Cette décision historique avait invalidé les accords agricoles et de pêche entre l’UE et le Maroc.

Malgré l’intervention des représentations diplomatiques européennes, les autorités locales sont restées inflexibles, empêchant les parlementaires d’accomplir leur mission de surveillance.

Un double standard diplomatique flagrant

Cette obstruction intervient dans un contexte sensible et contraste fortement avec d’autres visites officielles dans la région. Quelques jours plus tôt, la ministre française de la Culture, Rachida Dati, était accueillie pour inaugurer un centre de l’Alliance Française à Laâyoune.

Cette visite, une première pour un ministre français dans ce territoire non autonome, illustre le traitement différencié accordé aux diverses délégations étrangères selon leur position sur le statut du territoire.

Des implications pour les relations UE-Maroc

« Cette obstruction est inacceptable et va à l’encontre des principes démocratiques fondamentaux », ont déclaré les eurodéputés dans un communiqué commun. Leur mission revêtait une importance particulière dans le contexte de l’application des décisions de justice européennes concernant les accords commerciaux avec le Maroc.

« Nous rappelons que, comme l’indiquent le Protocole sur les privilèges et immunités de l’UE et le statut des députés au Parlement européen, sont établies les qualifications et les garanties des représentants publics et l’obligation de toutes les administrations de collaborer avec elle sans créer d’obstacles (…) encore plus dans une matière aussi sensible que la protection des droits de l’homme et dans quelque chose qui relève de sa responsabilité, comme celle de garantir le respect non seulement des résolutions des Nations Unies et du droit international mais spécifiquement de la jurisprudence de la CJUE dans la mesure où elle affecte l’UE elle-même et ses accords avec d’autres pays », dénonce la formation espagnole Podemos.

L’incident soulève la question de l’accès des observateurs internationaux au Sahara occidental, territoire qui est à décoloniser selon les résolutions de l’ONU. Il met en lumière les tensions persistantes entre le respect du droit international et les politiques de contrôle d’accès au territoire. Cette situation pourrait avoir des répercussions significatives sur les relations entre l’Union européenne et le Maroc, notamment concernant les futurs accords commerciaux et le respect des décisions de la Cour de justice européenne.

Une réponse coordonnée des institutions européennes est attendue pour protéger ses eurodéputés et garantir la liberté d’observation internationale et le respect des droits humains dans ce territoire non autonome, conformément aux résolutions des Nations Unies.

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