À l’approche de la Coupe du monde 2030, ce qui devait être une collaboration historique entre l’Espagne, le Portugal et le Maroc se transforme en une intense rivalité pour l’accueil de la finale. Cet événement, marquant le centenaire de la compétition, cristallise les tensions entre deux nations déterminées : l’Espagne, forte de son palmarès, et le Maroc, puissance montante du football africain.
L’Espagne : tradition et infrastructures de pointe
L’Espagne, championne d’Europe en titre et médaillée d’or aux JO de Paris, s’appuie sur son expérience et ses infrastructures modernes. Selon la Fédération espagnole de football (RFEF), le pays dispose déjà de 11 stades conformes aux normes FIFA, dont le Santiago Bernabéu récemment rénové, d’une capacité de 81 000 places. « Nous avons l’expérience et les installations nécessaires pour offrir une finale inoubliable« , affirme la Fédération espagnole de football.
#Football : Le trio Portugal – Espagne – Maroc se réunira à Rabat le 18 octobre prochain pour discuter des détails de préparations pour la Coupe du Monde 2030.
Le Portugal n’étant pas intéressé par l’organisation de la finale, cette dernière aura probablement lieu en… pic.twitter.com/58jG0r0gou
— NOVA PORTUGAL (@NVPORTUGAL) October 6, 2023
Le pays ibérique bénéficie également d’un soutien implicite de la FIFA. Gianni Infantino, président de l’instance, a déclaré, en juin 2023 : « L’Espagne a démontré sa capacité à organiser des événements majeurs avec brio« . Mais le président de la FIFA est un habitué des discours a géométrie variable selon ses interlocuteurs…
Le Maroc : ambition et diplomatie offensive
Le Maroc, fort de sa demi-finale au Mondial 2022, ne cache pas ses ambitions. Le royaume mise sur le futur Grand Stade Hassan II de Casablanca, un projet pharaonique de 115 000 places estimé à 5 milliards de dirhams (environ 460 millions d’euros). Fouzi Lekjaa, président de la Fédération royale marocaine de football, souligne : « Ce stade sera une vitrine de l’Afrique moderne et capable« .
La stratégie marocaine s’étend au-delà du sport. Le pays a lancé une campagne diplomatique d’envergure pour promouvoir sa candidature. Des sources diplomatiques rapportent que le Palais s’est personnellement impliqué dans ce dossier, le considérant comme un enjeu national.
Tensions diplomatiques et enjeux géopolitiques
La rivalité sportive s’inscrit dans un contexte plus large de tensions entre les deux pays. Les désaccords sur les enclaves de Ceuta et Melilla et les questions migratoires compliquent les négociations. Un diplomate européen, sous couvert d’anonymat, confie : « Cette compétition pour la finale ravive des tensions latentes entre Madrid et Rabat« .
Le Portugal, troisième partenaire de cette candidature, se trouve dans une position délicate. Lisbonne doit maintenir un équilibre délicat entre ses liens historiques avec l’Espagne et ses intérêts économiques croissants au Maroc.
Un choix crucial pour la FIFA
L’enjeu économique est considérable. Selon une étude de la KPMG, l’organisation de la finale pourrait générer des retombées de plus de 500 millions d’euros pour le pays hôte. Cependant, les bénéfices réels sont souvent surestimés, tandis que les coûts sont sous-estimés.
La FIFA se trouve face à un dilemme. Choisir l’Espagne serait un choix de continuité, tandis qu’opter pour le Maroc marquerait un tournant historique pour le football mondial en reconnaissant l’importance croissance du Maghreb. Alors que le compte à rebours pour 2030 est lancé, la bataille pour la finale ne fait que commencer, mêlant sport, politique et diplomatie dans une compétition aussi intense que le tournoi lui-même.