Crise sans précédent entre l’Espagne et le Maroc. Ce matin, des forces militaires espagnoles sont intervenues sur l’île de Persil pour expulser les soldats marocains qui l’occupaient depuis une semaine. Pour Rabat, il s’agit d’une déclaration de guerre. Les deux protagonistes en appellent à l’arbitrage des instances internationales.
« C’est une déclaration de guerre », a déclaré ce matin le chef du Mouvement national populaire marocain (MNP, coalition gouvernementale), Mahjoudi Aherdane. Ce mercredi, à 6h00 du matin, des forces militaires espagnoles ont débarqué à Persil – un îlot de 13,5 hectares à 200 mètres au large des côtes marocaines. Elles ont capturé les six soldats marocains qui l’occupaient depuis une semaine, et ont hissé deux drapeaux aux couleurs de l’Espagne. Les militaires marocains ont été rendus à leurs autorités dans l’après-midi. Les premières réactions de Rabat donnent la mesure de la crise.
Depuis que, le 11 juillet dernier, le Maroc a déployé des forces sur l’îlot, la tension ne cesse de monter. Pour Madrid, Persil est une terre sous statu quo depuis 40 ans. Aucune des deux parties n’est en droit de l’occuper. Pour les autorités marocaines par contre, ce territoire leur revient de droit. Après avoir cherché à résoudre la crise par voie diplomatique, le gouvernement de Jose Maria Aznar a finalement décidé d’avoir recours à la force. Il a rappelé son ambassadeur Fernando Arias-Salgado dans la nuit. Au matin, il a montré sa détermination de ne pas céder devant le « fait accompli ».
Internationalisation de la crise
Madrid craint également pour ses territoires en terre marocaine : Melila, Ceuta et les îles Chaffarines. Deux frégates, deux corvettes et un navire de ravitaillement ont été déployés pour renforcer la sécurité au large de ces enclaves. L’Espagne a reçu l’aval de l’Otan et de l’Union européenne. Ana Palacio, ministre des Affaire étrangères, s’est prononcée cette après-midi devant le Parlement pour un règlement pacifique du conflit et un retour au statu quo sur l’île de Persil.
De son côté, Rabat en appelle à l’Onu et à l’Organisation de la conférence islamique (OCI). Le secrétaire général de l’OCI s’est déclaré « surpris de voir le gouvernement espagnol exhiber la force et proférer des menaces injustifiées à l’encontre d’un Etat membre de l’organisation ». Le gouvernement marocain n’estime pas l’affaire close. Il exige « le retrait immédiat et sans conditions » des « agresseurs ». Le conseil de sécurité de l’Onu a été saisi. Les principales instances internationales sont donc mobilisées pour trouver rapidement un règlement à la crise.