L’esclavage, fléau d’inhumanité est présenté comme un moyen pour un groupe de devenir riche en profitant d’une main d’œuvre gratuite.
Dans son article, Benjamin D. Dierker, développe fermement l’idée selon laquelle l’esclavage n’est pas rentable. L’entretien des esclaves (santé, logement) coûte cher, les mesures de sécurité pour éviter leur fuite sont aussi coûteuses. Rajoutons à cela la faible motivation des esclaves qui sont moins productifs qu’un employé libre et qui dans un tel contexte de violence n’ont aucune envie d’innover dans leur travail. Bref, économiquement l’esclavage n’est pas rentable ! C’est tant mieux car ça fait un argument supplémentaire pour convaincre les trop nombreux esclavagistes qui aujourd’hui encore alimentent ce fléau.
L’esclavage est l’un des plus grands maux de l’humanité. En dépit de son omniprésence tout au long de l’histoire humaine, certaines formes étaient particulièrement odieuses et viles. L’esclavage moralement intolérable est surtout présenté comme une aubaine économique, car les propriétaires d’esclaves disposent d’une main d’œuvre gratuite. Qu’en est-il réellement ?
Des coûts cachés
On ne peut pas réduire l’esclavage à une idée réductrice de l’économie d’un salaire. Aujourd’hui, certes un employer a un salaire mais des avantages comme l’assurance santé, la retraite, sont facultatifs dans beaucoup de pays même dans le cadre de contrats libres. Ce que le propriétaire d’esclave économise en salaires, il doit le dépenser sur d’autres aspects.
Un esclavagiste doit payer l’hébergement, la nourriture, les vêtements et les soins médicaux de ses esclaves. De plus, le propriétaire d’esclaves doit investir dans la sécurité pour empêcher ses esclaves de s’échapper. Cela comprend des infrastructures telles que des clôtures, des bâtiments, des chaînes, des serrures, des caméras, ainsi que du personnel chargé de surveiller et de garder les esclaves en détention. Même si les esclaves (ou les ateliers clandestins) ne peuvent pas être hébergés dans des endroits semblables à des prisons, le détenteur d’esclaves doit tout de même employer des agents de sécurité pour rassembler et maîtriser les gens. Tous ces coûts, ajoutés bout à bout, deviennent significatifs. Ils peuvent diminuer à long terme, mais ce sont toujours des coûts fixes qui dépassent le coût d’une main-d’œuvre libre.
Enfin, rappelons que non seulement le propriétaire d’esclaves doit payer ces coûts fixes pour entretenir et sécuriser une population de travailleurs, mais les sommes investies ne peuvent pas l’être ailleurs. En effet, il aurait pu investir dans des intrants de meilleure qualité et du matériel de production améliorant la rentabilité. Ajoutons aussi que le taux important de natalité ne cesse d’augmenter les charges d’entretien des captifs. Une population plus importante augmente le risque de révolte et d’évasions. Bien que ces aspects financiers peuvent choquer à côté des aspects moraux du problème, la « bonne nouvelle » est que l’inefficacité de l’esclavage s’accroit avec le temps.
Une faible productivité
De plus, d’évidence, les esclaves ne sont pas incités à travailler plus fort ou mieux. En fait, ils détestent et haïssent leurs oppresseurs. Cela signifie qu’ils ne travailleront pas aussi efficacement que possible, et ce pour plusieurs raisons. Le propriétaire d’esclaves peut les forcer à travailler dur pour un travail peu qualifié, il peut menacer de les faire souffrir ou de retenir la nourriture. L’esclave n’ayant pas trop le choix, il s’exécutera en raison de la peur, de la douleur ou de l’épuisement, mais il est moins probable qu’il travaille à pleine capacité, en raison de sa résistance mentale. Un esclavagiste exigeant dix unités d’un produit donné pourra certes les obtenir, mais un employé libre et motivé, travaillant à pleine capacité, peut être en mesure de produire beaucoup plus. Et quand les esclaves sont blessés, ils ne peuvent pas produire autant. Tout travailleur tué ou frappé d’invalidité doit être remplacé, ce qui est coûteux pour le propriétaire.
Aucune incitation à l’innovation
Il est peu probable que des esclaves viennent proposer à leur patron des innovations, des idées et des conseils pour améliorer les produits ou les techniques permettant d’économiser du temps ou des ressources, ce qui est courant dans les marchés de travail libres. Alors que les patrons ne paient pas la main d’œuvre, ils ne vont pas chercher à rationaliser leurs ressources humaines et leurs charges. Aveuglés par l’opportunité de ne pas payer le travail à court terme, les propriétaires d’esclaves obtiennent l’effet inverse du but initial. Comme ils ne paient pas les esclaves, l’investissement en capital leur paraît cher. De plus, si les concurrents innovent ou utilisent le capital et que les prix des produits de base commencent à baisser, le prix du produit du propriétaire esclave baissera et leurs parts de marché régresseront.
Une mauvaise image publique
Une dernière raison à l’inefficacité de l’esclavage est le rôle de l’Etat qui a été bien différent selon les zones géographiques et les époques. Les abolitionnistes peuvent être une véritable épine dans le pied d’un esclavagiste. En effet, ils peuvent inciter les populations au boycott des biens produits par des esclaves. La force publique peut interdire et condamner les agissements esclavagistes avec des sanctions. À l’ère moderne, la plupart des pays rendent l’esclavage formellement illégal. Cela signifie que les propriétaires d’esclaves doivent supporter des coûts élevés pour rester cachés ou payer des pots-de-vin aux autorités pour acheter leur silence.
Ainsi, on peut affirmer que rare sont les cas où le travail forcé est économiquement efficace. Les personnes qui défendent l’inverse oublient de prendre en considération des facteurs clés et c’est surement l’émotion face à ce fléau qui empêche de réfléchir objectivement au coût réel. La pratique de l’esclavage est immorale et doit cesser, mais elle est en plus inefficace. Espérons que cette inefficacité économique freine la cupidité des esclavagistes dépourvus de morale. Utilisons cet argument froid pour lutter contre ce fléau si c’est la seule corde sensible des esclavagistes !
Par Benjamin D. Dierker, Lone Star Policy Institute – Article initialement publié en anglais par la Foundation for Economic (version élaguée)