La Conférence mondiale des Nations Unies contre le racisme, prévue à Durban (Afrique du Sud) du 31 août au 7 septembre, bute sur la question des réparations pécuniaires pour les pays victimes de l’esclavage, réclamées à grands cris par des ONG sud-africaines. Mais la question divise sur le continent même.
La prochaine Conférence mondiale des Nations unies contre le racisme se tiendra à Durban, en Afrique du Sud, du 31 août au 7 septembre prochains. Depuis trois mois, l’organisation de la Conférence bute sur deux points : la question du Proche Orient – Les Etats Unis refusent de participer à la conférence si certains pays arabes n’abandonnent pas leur volonté d’assimiler le sionnisme au racisme – et les réparations pour cause de colonialisme et d’esclavagisme.
Ce dernier point est particulièrement sensible en Afrique. Les dommages dus à l’esclavage et au colonialisme sont-ils chiffrables en milliers ou en millions de dollars ? Oui, répondent quatre-cents Organisations non gouvernementales (ONG) sud-africaines, les premières à être montées au créneau pour demander des réparations pécuniaires.
Réparations individuelles et structurelles
« Il y a deux sortes de réparations, individuelles et structurelles. Il y a, par exemple, le problème de la terre : les Noirs qui ont perdu leurs biens doivent être indemnisés. Les réparations doivent aussi prendre la forme de soutien aux Etats qui ont été victimes de la traite ou de la colonisation, en premier lieu en effaçant la dette », clame Mark Weinberg, porte-parole de Sangoco, la coordination nationale des ONG sud-africaines.
D’autre part, des Mauriciens ont créé un collectif « afin d’obtenir des réparations pour les descendants d’esclaves », a déclaré la semaine dernière, l’un de ses fondateurs, l’abbé Fanchette. « L’esclavage a été défini comme crime contre l’Humanité. Et la loi prévoit qu’il y ait réparation contre tout ce qui est crime contre l’Humanité », a-t-il précisé.
On ne peut pas effacer l’esclavage
Les Etats-Unis, comme l’Europe, sont contre le principe des indemnisations. Mais ils ne sont pas les seuls. Le président sénégalais, Me Abdoulaye Wade, a déclaré samedi dernier que « le fait de demander des milliards de dollars en réparation est une insulte à nos morts, à notre race. (…) On ne peut pas effacer l’esclavage ». Des propos auxquels le secrétaire exécutif de la Rencontre Africaine de Défense des Droits de l’Homme (Raddho), Alioune Tine, a immédiatement réagi, les qualifiant d' »inopportuns et scandaleux ».
Les Africains semblent plus demander une « réparation » – la reconnaissance de l’esclavage, de la traite négrière et du colonialisme comme crimes contre l’Humanité – que des « réparations » en espèces sonnantes et trébuchantes. Un franc symbolique pourrait suffire, évoquent certaines organisations. Cela permettrait à la Conférence de se recentrer sur la discrimination raciale « qui perdure sous différentes formes dans presque toutes les sociétés », rappelle Amnesty International.