180 pays se sont réunis à La Haye, du 13 au 24 novembre, pour la conférence des Nations Unies sur le réchauffement de la planète. Les Etats-Unis et l’Europe s’opposent dans le rôle des forêts contre l’effet de serre. Mais La Haye rencontre peu d’échos dans la presse africaine. Qui lui préfère les évènements de politique intérieure.
La presse africaine fait très peu état de la conférence de La Haye où 180 pays se sont réunis pour discuter de l’effet de serre. A croire qu’aucun pays du continent noir n’assiste à ce grand rassemblement d’experts. L’Afrique est pourtant concernée par ce problème planétaire qui est à l’origine de graves évolutions telles que la désertification.
Bakary Kante, responsable au Programme des Nations Unies pour l’environnement, interrogé par le quotidien français Libération, la semaine dernière, estime que l’Afrique n’a pas les moyens de négocier. Le principe de quota de pollution, inscrit dans le protocole de Kyoto, profitera peu , selon lui, aux pays africains qui n’ont pas d’infrastructures assez fiables pour attirer les pays riches.
Il est sans doute utile de rappeler ce principe qui vient des Etats-Unis, plus gros pollueur de la planète avec 25 % du total mondial des émissions de CO2. Chaque entreprise, chaque usine possède un quota de droits d’émission de CO2, si elle le dépasse, elle peut investir dans une usine moins polluante, afin de récupérer ses crédits d’émission de CO2.
Quotas de pollution
Bakary Kante pense que ce système sera plus profitable à des pays tels que l’Inde ou la Chine qui ont des marchés plus solvables que celui des pays africains. Selon lui, l’Afrique aurait dû exiger la mise en place de mécanismes d’incitation à l’investissement. Mais il aurait fallu pour cela une volonté politique et l’Afrique n’a pas assez d’expertises qui mettraient en avant ses atouts.
Le quotidien marocain L’Economiste a publié un article, il y a de cela quelques semaines, sur l’environnement, à l’occasion d’un salon qui se tenait à Casablanca sur ce thème. Mme Hakima Elmariky qui travaille au sein de ce journal est » très sensible aux changements de climat « . Elle l’est encore plus à celui du principe de quotas de pollution. Elle cite notamment l’exemple de l’Allemagne, pays bien connu pour le respect de l’environnement, qui délocalise sa production de plastique dans des pays en voie de développement, comme le Maroc, car elle est trop polluante. Selon Hakima, de tels agissements sont impardonnables, mais le Maroc a besoin d’investissements étrangers et il n’est pas en mesure d’en refuser, fut ce pour une question d’environnement.
Selon M.Alhousseini Coulibaly, journaliste à Info-Matin, au Mali » les problèmes d’environnement ont une part moins importante dans la rédaction que la politique, car ils intéressent moins les lecteurs « . Quand le pays traverse une grave crise, la pollution de l’atmosphère paraît dérisoire.
Principe du pollueur payeur
M.Coulibaly approuve l’idée du pollueur payeur. Il estime cependant indispensable de faire un travail de fond et de » moralité pour que les entrepreneurs prennent conscience des effets de leur pollution « . » Beaucoup d’entreprises ne peuvent payer pour la pollution et l’on ne peut pour autant les forcer à fermer puisqu’elles amènent du travail et des dividendes « , ajoute t-il.
L’environnement est également directement lié à la politique. Le dernier remaniement gouvernemental malien, qui date de février 1999, a élargi le ministère de l’environnement qui est donc moins dévoué à ce problème que l’ancien.
D’autre part, il existe un réel fossé entre les mesures qui sont prises et leurs applications. Par exemple, le principe du pollueur payeur a été accepté par les autorités, mais n’est pas mis en oeuvre pour l’instant.
M.Coulibaly a expliqué qu’un projet de développement urbain est organisé, afin de faire entendre aux maires que » pour être réélu, ils doivent s’occuper de l’environnement, et pas seulement des enjeux politiques « .
Tout comme le Mali, le Burkina Faso est très sensible aux questions abordées à la conférence de La Haye. Hervé Taoko du quotidien 24 heures fait remarquer, en premier lieu, » qu’en matière d’environnement, il existe un écart abyssal entre les dires et les faits « . Depuis le dernier remaniement gouvernemental, qui a eu lieu la semaine dernière, le nouveau ministre de l’environnement n’a pas eu le temps de prendre de grandes décisions. Des ONG sur place sensibilisent les populations à ces problèmes, mais aucune action concrète n’est mise en place.
24 heures préfère couvrir les problèmes locaux aux grandes conférences internationales, même s’il reconnaît leur importance. Les grandes rencontres sont profitables, puisqu’elles ouvrent les yeux de beaucoup de gens sur des problèmes réels, mais le problème est toujours le même partout : » passer de la parole à l’acte « .