Ce spécialiste français du transport aérien vers l’Afrique n’envisage le développement économique que partagé équitablement.
Comment désenclaver Gao, isolée à 1 250 kilomètres de la capitale du Mali ? Comment créer l’engouement susceptible de relancer d’abord par le transport aérien, l’économie de cette région martyrisée par cinq années de guerre ? Ces questions, ce sont celles que se posait le Français Maurice Freund, chargé en 1995 d’une mission de conseil par Air Afrique. C’est du voyage fait sur place par l’ancien directeur général d’Air Mali qu’est née, petit à petit, l’idée de la coopérative de voyage Point Afrique.
De retour à Paris et après avoir rendu son rapport, Maurice Freund sonne le rappel de ses nombreuses connaissances, accumulées au long de la longue aventure du Point-Mulhouse – une association qu’il présida et qui, sans rien renier de son statut ni de ses idéaux de partage, était devenue le n°1 français des voyages aériens charter dans les années 70 et 80. 400 personnes souscrivent à une première série de voyages en avion vers le Mali.
C’était il y a quatre ans. Cette année, Point Afrique aura transporté pour pas cher plus de dix mille personnes vers la Libye, le Niger, le Mali, la Mauritanie et le Sud algérien avec Tamanrasset…
Des projets plein la tête
» La vraie dignité de l’homme, c’est de bosser « , répète volontiers Maurice Freund. L’homme est chaleureux, sa conviction pour l’économie » solidaire » est contagieuse. Comment, sinon, aurait-il convaincu des bailleurs de fonds d’investir dans un symposium de sculpture en plein désert mauritanien ?
Il veut désormais aller plus loin, et porte un projet ébouriffant : » Le fleuve Niger charrie beaucoup de matières végétales. Nous formons actuellement les gens à extraire ce limon, à le transformer par l’agrobiologie en compost [terreau organique, ndlr] et à s’en servir pour lancer des cultures maraîchères. » Que fera Point Afrique au-delà du financement des formations ? » Nous transporterons les produits dans les soutes de nos avions. En janvier, les Européens achètent bien leurs asperges en Californie. Pourquoi ne pas plutôt les prendre en Afrique ? Les gens feront le travail, nous assurerons les termes de l’échange. »
Maurice Freund a tellement de projets dans sa musette qu’il y a fort à parier qu’afrik.com en parlera souvent dans les mois qui viennent. De cet amoureux fou de l’Afrique et des Africains, brillant entrepreneur par ailleurs, on retiendra d’abord cette phrase de l’écrivain Amadou Hampâté Bâ, mise en exergue du catalogue de Point Afrique : » La main de celui qui reçoit est toujours en dessous de celle qui donne. «