Le Français Pierre Robert a été condamné par la justice marocaine, dans la nuit du 19 septembre, à une peine de prison à perpétuité pour son implication dans des actions terroristes islamistes. Cette sentence intervient après la vague d’arrestations qui a secoué le royaume chérifien à la suite des attentats suicides de Casablance du 16 mai dernier.
Celui que la presse française a surnommé « l’émir français aux yeux bleus » vient d’échapper à la peine de mort mais écope d’une réclusion criminelle à perpétuité. Pierre Robert et ses coaccusés ne sont pas inculpés pour avoir organisé les attentats de Casablanca du 16 mai qui ont fait 45 morts (dont 12 kamikazes), mais pour en avoir planifié d’autres prévus dans de grandes villes commerciales et touristiques du royaume. En outre, il est condamné pour avoir préparé des séances d’entraînement armés sur le territoire.
La défense de l’émir
Le Stéphanois (Saint-Etienne, France) de 32 ans, après être revenu sur ses aveux en clamant son innocence pour les faits qui lui sont reprochés, n’a cessé de tenir des propos qui ont rendus la cour perplexe. Il affirme que lors de son séjour en prison il a été torturé et violé. Il soutient aussi avoir collaboré avec la DST (Direction de la sécurité du territoire) à partir de 1998 « pour infiltrer les réseaux islamistes » en France et en Belgique. Allégations immédiatement démenties par le ministère de l’Intérieur français.
La défense a plaidé, sans surprise, pour l’acquittement du prévenu. « Le dossier est vide » n’a cessé de soutenir l’avocat de Pierre Robert : il n’appartient pas à la mouvance islamiste « Salafia Jihadia » qui est à l’origine du désastre, il n’y a pas de preuves matérielles accablantes, pas de flagrants délits…
parcours de l’islamiste
Totalement arabophone, Pierre Robert a néanmoins suivi le procès avec un interprète. Converti à l’islam au cours d’un séjour en Turquie à l’âge de 17 ans, il aurait adhéré à « l’internationale islamiste » après un séjour au Pakistan. De là, ses supérieurs l’auraient envoyé en mission au Maroc en 1990. Il a été arrêté le 3 juin 2003 à Tanger, après les attentats de Casablanca, où il vivait avec sa femme marocaine et ses deux enfants. Son père, souffleur de verre et sa mère, aide ménagère, n’ont pas souhaité s’exprimer publiquement sur le sort de leur fils.
Un procès peut en cacher un autre
Le verdict condamne deux des complices marocains du français à des peines de prison à vie, 22 autres vont purger des peines de réclusion allant de 10 à 30 ans, enfin, deux prévenus ont été relaxés. Ils ont huit jours pour se pourvoir en cassation. Les avocats de Pierre Robert ont annoncé qu’ils utiliseront tous les recours possibles, y compris la demande de grâce royale.
Après les attentats de Casablanca, le roi Mohamed VI avait annoncé « la fin de l’ère du laxisme ». Ont suivis près d’un millier d’arrestations d’islamistes radicaux. Jusqu’alors, quatre condamnations à mort ont été prononcées. Néanmoins, « le péril est toujours là », a affirmé publiquement le ministre marocain de la Justice, Mohamed Bouzoubâa, le 9 septembre dernier.