La première centrale électrique à gaz du Congo a été inaugurée mercredi par le chef de l’Etat. Dotée d’une capacité de 25 mégawatts, elle permettra de combler le déficit énergétique de la ville de Pointe Noire. Louis Kanoha, administrateur général de la Société congolaise de production d’électricité, explique l’avantage de ce type de centrale pour le pays. Interview.
Du gaz pour produire de l’électricité. Le Congo a inauguré, mercredi à Ndjéno (18km de Pointe Noire), la première centrale électrique à gaz du pays. Financée par la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC) et les pétroliers Agip-Congo et Chevron-Texaco, la nouvelle installation développe une capacité de 25 mégawatts. Une production énergétique d’appoint, économique, qui devrait supprimer les nombreux délestages à Pointe Noire durant la saison sèche.
Afrik : Pourquoi avoir installer une centrale électrique à gaz au Congo ?
Louis Kanoha : Il n’y a pas de société qui exploite le gaz au Congo, mais uniquement des producteurs de pétrole. Le gaz congolais est du gaz associé (qui arrive en même temps que le pétrole). Il n’avait jamais été exploité jusque là et était simplement torché (brûlé, ndlr). Un gaspillage qui a attiré l’attention des autorités congolaises qui ont décidé de valoriser cette importante ressource énergétique. D’où la création d’une centrale électrique à gaz. L’avantage est que le gaz nous est livré à coût nul.
Afrik : En parlant de coût, combien a coûté la centrale ?
Louis Kanoha : Au départ du projet, nos estimations se chiffraient à 23 millions de dollars. Mais, comme nous venons de finir les travaux, nous n’avons pas encore fait les derniers comptes. Les 23 millions ne concernaient pas seulement la centrale. Ils comprennent également le gazoduc que nous avons dû construire pour acheminer le gaz depuis le gisement pétrolier de Kitina (exploité par Agip-Congo, ndlr) et la ligne haute-tension de 220 kilowatts que nous avons installée pour relier la centrale au réseau national d’électricité.
Afrik : A qui est destiné l’électricité produite ?
Louis Kanoha : A la ville de Pointe Noire. La ville n’était jusque là alimentée par une seule source d’électricité : le barrage de Moukoukounou (74 mégawatts). En période de saison sèche – de mai à septembre- le barrage perd près de la moitié de sa capacité. Il ne peut plus assurer les besoins de Pointe Noire (40 mégawatts en pointe) qui pâtit de fréquents délestages. La nouvelle installation va combler le déficit. C’est un véritable bol d’air pour les opérateurs économiques locaux qui pourront désormais compter sur une énergie permanente et fiable.
Afrik : La SNPC, Agip et la Chevron-Texaco ont participé au financement de la centrale. Comment est-elle administrée ?
Louis Kanoha : Agip-Congo et Chevron-Texaco n’ont pas pour objet de produire et d’exploiter de l’électricité. Ils se rembourseront, sur trois ans, par le truchement d’accords avec le ministère des Finances, sur leur facture pétrolière. La SNPC a créé une filiale, la Société congolaise de production d’électricité (SCPE), chargée de vendre l’électricité à la Société nationale d’électricité (SNE). La SCPE -dont je suis l’administrateur- est une interface entre les différents interlocuteurs.