Les députés sénégalais viennent de voter en faveur de la création d’un Comité d’enquête pour auditer le Conseil constitutionnel, suite à l’invalidation de plusieurs candidatures à l’élection présidentielle. La durée de sa mission laisse croire que cette Présidentielle prévue le 25 février prochain ne se tiendra pas à date échue.
Plus que 24 jours pour l’organisation de l’élection présidentielle au Sénégal. Le processus électoral fait toujours l’objet de vives contestations. Au point que le Parlement de ce pays d’Afrique de l’Ouest s’est invité dans les débats. Mercredi, une commission d’enquête parlementaire sur le processus de sélection des candidats a été votée.
Karim Wade, une exclusion de l’élection qui passe mal
Il faut noter que le mode de sélection des candidats par le Conseil constitutionnel a été très décrié. Nombreux sont les candidats qui déplorent l’opacité autour du fichier électoral. En plus de condamner les motifs de rejet de leur candidature. La plupart d’entre eux estiment que seuls les candidats voulus par le régime ont reçu leur quitus pour prendre part à ces joutes électorales.
Parmi les candidatures rejetées, celle de Karim Wade, fils de l’ancien Président sénégalais, passe très mal. Et sa formation politique, le PDS (Parti démocratique sénégalais), ne compte pas baisser les armes de sitôt. « Il fallait absolument une enquête sur le travail du Conseil constitutionnel », estime le parti de l’ancien chef d’État sénégalais.
« 900 000 électeurs inconnus du fichier, neuf candidats écartés »
« Karim Wade a été injustement écarté de la compétition électorale. 900 000 électeurs inconnus du fichier, neuf candidats écartés du jeu », déplore Mamadou Lamine Thiam. Le président du groupe parlementaire du PDS est formel : « nous pensons qu’on ne peut pas aller à des élections dans ces conditions ».
Mamadou Lamine Thiam, dont le parti et ses alliés sont à l’origine de cette initiative, va plus loin. « Il faut qu’on s’arrête, qu’on regarde les choses », estime l’opposant. Son parti espère un report des élections pour permettre à son candidat, écarté du scrutin, de revenir dans la compétition. Une posture différente de celle de la coalition d’opposition Yewwi Askan Wi (YAW).
« Recherche de paix pour éclairer l’opinion »
Cette formation politique éclaire que la résolution stipule « un report des élections, un arrêt du processus électoral ». Et de mettre en garde : « Nous n’allons pas nous associer à quelque chose, même si elle est irréaliste ». De son côté, le parti au pouvoir tente de rassurer. « Nous n’avons pas parlé de report, nous parlons de recherche de paix pour éclairer l’opinion », déclare le député Abdou Mbow.
« Nous sommes dans un État de droit, le Sénégal est une démocratie majeure. Aujourd’hui, les institutions fonctionnent normalement », poursuit le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar (pouvoir). Ce comité d’enquête, composé de onze députés, a été adopté à 120 voix pour et 24 contre. L’initiative a vu le jour après une série d’accusations de corruption contre certains juges du Conseil constitutionnel.
Une dévolution du pouvoir ?
Étant donné que l’équipe d’enquête a un maximum de six mois pour rendre ses conclusions, il n’est pas exclu de voir le scrutin présidentiel reporté à une date ultérieure. Même si le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar rassure que les députés n’ont ni le pouvoir encore moins « le mandat de créer une crise institutionnelle ».
Rappelons que cette élection présidentielle revêt un caractère très particulier qui a même soulevé des doutes quant à sa fiabilité. En effet, le chef de l’État sortant du Sénégal, Macky Sall, ne prendra pas part à ces joutes électorales. Seulement, le Président a désigné un dauphin, en la personne de son Premier ministre, Amadou Ba, pour lui succéder dans ce que certains considère comme une dévolution du pouvoir.