Orascom Telecom Holding (OTH) est passé ce lundi dans le giron de Vimpelcom. Le groupe de télécommunications égyptien permet à son acquéreur russo-norvégien de devenir le cinquième opérateur mondial tout en s’offrant la possibilité de se dégager du bourbier politico-financier dans lequel sa filiale algérienne, Djezzy, est empêtrée.
Le groupe de télécommunications égyptien Orascom Telecom Holding (OTH) appartient désormais au deuxième opérateur de téléphonie russe, Vimpelcom. Le rachat, conclu le 3 octobre dernier et signé lundi, fait de ce dernier le propriétaire de 51,7% des actions d’OTH et de 100% de l’opérateur de télécommunications italien Wind, par le biais du fonds d’investissement de Naguib Sawiris, Weather Investments, propriétaire des deux firmes. Pour conclure le rachat, 1,8 milliard de dollars ont été versés cash à Weather Investments qui détiendra également 20% du capital de Vimpelcom. Les filiales égyptienne et nord-coréenne d’Orascom Telecom, ainsi que la filiale grecque de Wind sont exclues de l’opération.
La firme russo-norvégienne Vimpelcom, qui opérait en Russie et plus largement dans la Communauté des Etats indépendants (CEI), rentre dans la cour des grands en s’offrant, selon son président Jo Lunder, «
de solides plateformes en Europe, en Asie et en Afrique ». Orascom, avec ses 123 millions d’abonnés, est notamment présent en Algérie, en Egypte et en Tunisie. Cette acquisition porte le nombre de clients de l’opérateur impelcom à 174 millions. Il sera désormais présent dans 20 pays.
Exit la patate chaude Djezzy
La transaction, estimée à plus de six milliards de dollars, devrait permettre à Orascom de s’enlever une épine du pied. Orascom Telecom Algerie, qui exploite la marque Djezzy dans ce pays, est accusé par les services fiscaux de leur devoir 230 millions de dollars. Une accusation qu’a réfutée OTH, le 30 septembre dernier, par le biais communiqué indiquant que sa filiale s’étaient déjà acquittée des impôts sur cette période, à savoir les années 2008 et 2009. Le document assure que « toutes les mesures légales nécessaires (seront prises) pour contester le nouveau calcul ». La veille, le directeur général d’OTA, Tamer El-Mahdi, avait été convoqué par la police algérienne à la suite d’une plainte de la Banque Centrale d’Algérie pour infraction à la législation des changes.
En novembre 2009, Djezzy avait déjà l’objet d’un redressement fiscal de 597 millions de dollars et d’une mesure d’interdiction de transfert de fonds vers l’étranger. Pour le groupe égyptien Orascom, c’est une manière pour l’Etat algérien de faire pression sur une entreprise qu’elle souhaite racheter et dont elle a empêché la vente à la multinationale MTN en faisant valoir son droit de préemption. «Nous avons atteint une part de marché de plus de 70% dans les télécoms où il y a trois acteurs. Nous sommes les plus grands et ils (les Algériens) ont commencé à exercer des pressions sur nous pour la simple raison que nous étions très rentables et que nous avons réussi », accusait le 16 septembre Naguib Sawiris. Des propos démentis par les autorités algériennes.
Néanmoins, pour ces dernières, l’acquisition par Vimpelcom d’OTH ne devrait rien changer à ses intentions. « Ce sont deux opérations distinctes, a précisé Mohamed Benmeradi , le ministre de l’Industrie de la petite et moyenne entreprise et de la Promotion de l’investissement, à l’agence de presse algérienne APS citée ce mardi par le quotidien El Watan. La première concerne une transaction entre deux holdings internationales et la seconde concerne une procédure de cession de droits d’une société de droit algérien officiellement engagée entre les deux parties suite à la décision de l’Etat algérien d’exercer son droit de préemption prévu par la législation nationale sur les cessions d’actions de la société OTA envisagée par la société mère ». L’affaire Djezzy sera l’une des questions qu’aborderont certainement le président russe Dmitri Medvedev, qui arrive ce mercredi en Algérie pour une visite officielle, et son homologue Abdelaziz Bouteflika.