L’Egypte sous l’ère de l’inquisition


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Drapeau de l'Egypte
Drapeau de l'Egypte

Le pays des Pharaons est en passe de devenir le paradis de la censure. L’Université d’Al-Azhar et le Conseil supérieur des affaires islamiques s’érigent en inquisiteurs. La dernière victime en date est l’écrivain marocain Mohamed Berrada. Les autorités religieuses lui interdisent de traduire ses livres en hébreu.

Les Pharaons sont tombés sur la tête. Les autorités morales et religieuses égyptiennes s’érigent en grands inquisiteurs de la littérature. Après avoir mené une campagne haineuse contre l’écrivain marocain Mohamed Choukri, auteur du  » Pain nu « , et contre la romancière locale Nawal al-Saadaoui, obligeant le ministère de la Culture à interdire la vente des livres de ces auteurs en Egypte, ils s’en prennent à un autre écrivain marocain : Mohamed Berrada.

Il est accusé de  » trahison au profit de l’ennemi « . Pas moins. Le romancier voulait faire traduire certaines de ses oeuvres en hébreu. La maison d’édition israélienne  » Dar Al Andalous « , spécialisée dans la littérature arabe, devait commencer à traduire les livres de Mohamed Berrada dans la langue de Marek Halter.

Excommunication et apostasie

L’écrivain féministe égyptienne Nawal al-Saadaoui, accusée d’apostasie dans son pays s’est réfugiée à Tunis. Elle affirme être la cible d’un  » complot politique sous couvert de l’islam « . Psychiatre et auteur d’une quarantaine d’ouvrages traitant de la condition des femmes, Nawal Sadaaoui est poursuivie pour  » mépris de l’islam  » et doit comparaître le 18 juin devant un tribunal pénal égyptien. Le 9 avril, un avocat égyptien, Nabih al-Wahch, a déposé plainte contre la militante dans le but de la séparer de son époux, l’accusant d’avoir « méprisé l’islam « . Elle y aurait déclaré notamment que le pèlerinage à La Mecque était un reste de paganisme et que le Coran n’obligeait pas les femmes à porter le voile.

Divorce forcé. Le mufti d’Egypte, plus haute autorité religieuse du pays, a considéré qu’elle a  » renié les enseignements de la religion  » et qu’en  » s’écartant du cercle de l’Islam « , elle est devenue indigne d’un conjoint musulman. Nawal Al-Saadaoui a dénoncé les accusations portées contre elle et affirme que ni elle, ni son époux, le psychiatre Chérif Hetata, n’accepteraient  » le divorce, ni l’exil, quelquesoit l’issue du procès « .

Seuls l’écrivain Ibrahim Abdel-Méguid et Naguib Mahfouz se sont élevés contre cette inquisition. Le prix Nobel de littérature égyptien est menacé pour sa part de se voir retirer le titre d’écrivain par ses collègues, pour le même motif que Mohamed Berrada, alors que son contrat avec  » Dar al Andalous  » remonte au début des années 90! Décidément, le ridicule ne tue pas l’intolérance… Retirer à Naguib Mahfouz le droit de se dire écrivain !

Le ministère égyptien de la Culture est en train de céder des pans entiers de ses prérogatives aux islamistes. Or il est des compromissions fatales. La littérature égyptienne, déjà malade, risque de ne pas s’en relever…

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