L’Egypte punit l’excision sauf « nécessité médicale »


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Les parlementaires égyptiens ont voté samedi une loi punissant de prison ou d’une amende la pratique de l’excision. Un bémol toutefois : la coutume sera tolérée en cas de « nécessité médicale ». Voilà qui rappelle la loi de 1997 interdisant l’excision, excepté dans des « circonstances exceptionnelles ».

Le vote des parlementaires égyptiens aura-t-il des répercussions dans la lutte contre l’excision ? Dans le cadre de la loi sur l’enfance, les élus du pays des Pharaons ont voté samedi plusieurs amendements destinés à respecter les droits de l’enfant. Après plusieurs semaines de débats houleux, ils ont ainsi approuvé l’interdiction des châtiments corporels, le rehaussement de l’âge du mariage à 18 ans et l’interdiction de l’excision, ou mutilations génitales féminines (MGF).

Exciser pour « nécessité médicale »

Selon le texte, qui a pris effet dès son approbation, les auteurs d’ablation partielle ou totale des organes génitaux féminins risquent entre trois mois et deux ans de prison ou une amende comprise entre 188 et 590 euros. Des condamnations qui ne valent pas si l’excision, pratiquée aussi bien par les musulmans que les chrétiens, a été faite en cas de « nécessité médicale ».

La nouvelle loi vient renforcer le décret de juin 2007, qui interdisait à tout personnel médical d’exciser- sous peine d’exclusion de tous les établissements rattachés au ministère de la Santé. Si certains saluent son caractère répressif, ils ne cachent pas leur prudence. D’autant que la clause controversée rappelle celle de la loi de 1997 qui condamne l’excision mais permet aux médecins d’y recourir en cas de « circonstances exceptionnelles ».

« Une manière de maintenir les MGF »

« Tacitement, la clause dérogatoire signifie que les MGF vont perdurer. Elle représente une manière de maintenir les MGF. Et il est scandaleux de se retrancher derrière de soi-disant nécessités médicales pour les pratiquer », souligne Sabreen Al Rassace, spécialiste de la question des mutilations génitales féminines à la Commission Femmes d’Amnesty International France.

La dérogation a notamment été ajoutée pour empêcher une probable opposition des Frères Musulmans, principale force d’opposition avec 87 sièges sur 454, et de politiciens indépendants conservateurs. Comme plusieurs érudits musulmans, ils jugent qu’interdire totalement les MGF est contraire aux préceptes de l’islam – qui n’exige d’ailleurs pas l’excision – et non respectueux de la culture égyptienne, qu’ils estiment bafouée au profit d’un alignement sur les valeurs occidentales.

« Non à l’interdiction de l’excision »

Une position que défend le parlementaire Mohammed al Omda, selon le journal émirati The National. Le membre du Parti Constitutionnel a manifesté la semaine dernière en dehors du parlement avec ses trois filles, dont deux sont excisées. Chacune portait une bannière avec un message différent : « Non à l’interdiction de l’excision », « Non aux lois importées » et « C’est alarmant. Autoriser ce qui est religieusement interdit et interdire ce qui est autorisé par la religion ».

Pour Sabreen Al Rassace, le gouvernement n’aurait jamais dû céder aux pressions des pros-excision. Elle juge que la dérogation prouve un « manque de courage complet » des politiques, qu’elle soupçonne de jouer sur les deux tableaux : « On peut penser que les autorités sont accablées par le très fort taux de prévalence des MGF et leurs conséquences mortelles chez les filles mais qu’elles ne veulent pas froisser les conservateurs qui disent que les MGF sont recommandées par la tradition et la religion ». Dans ce contexte, difficile de savoir si le texte constituera une arme efficace contre l’excision, qui concernerait plus de 95% des Egyptiennes.

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