L’Egypte, sous la houlette de Zahi Hawass, le chef suprême des antiquités égyptiennes, est résolu à récupérer ses trésors de l’antiquité disséminés à travers le monde. L’affaire, si elle a pris de telles dimensions et fait des émules dans d’autres pays désireux de retrouver leurs antiquités, est pourtant partie d’un simple contentieux administratif. Retour sur une tempête qui débuta dans un verre d’eau.
L’Egypte part à la reconquête de ses trésors antiques. Et Les grands musées occidentaux tremblent. Car l’Egypte et d’autres Etats, notamment africains, sont en croisade. Le 6 et 7 avril derniers, une conférence pour la restitution « d’objets volés », à l’initiative de l’Etat aux mille pyramides, avait réuni une vingtaine de pays décidés à récupérer leurs objets antiques « volés ». La France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne, pourtant conviés à l’événement, n’ont pourtant pas pris la peine de se déplacer.
Une mauvaise volonté occidentale ? Peut-être. Il semble que les grands musées internationaux soient frileux à l’idée d’un retour, chez elles, des antiquités égyptiennes ou en provenance d’autres pays. Et les demandes sont nombreuses, bien qu’elles ne concernent que les pièces dont le vol a été prouvé. Le buste de Néfertiti (Berlin) et la pierre de Rosette (Londres) font partie des œuvres où la demande de rapatriement est prioritaire.
Le grand musée des pyramides à la source de la discorde
Tout est parti d’une vétille. Zahi Hawas, secrétaire général du Conseil suprême des antiquités (CSA) égyptien, avait demandé aux trois grands musées de Paris, Londres et Berlin le prêt d’œuvres pour l’ouverture du grand musée des pyramides dont l’inauguration était initialement prévue pour l’année 2011. Les musées en question, peu enclins à répondre à une telle demande, trouvèrent maintes excuses pour esquiver la requête. Au final, certains prétendirent ne pas avoir reçu la demande. D’autres, comme Berlin, refusèrent tout simplement de prêter les œuvres en question. Excédé, Zahi Hawass déclara alors : « S’ils ne veulent pas nous les prêter, alors qu’ils nous les rendent définitivement ».
L’effet boule de neige est immédiat. D’autres pays africains au passé antique riche, tels que la Libye et le Nigeria, en ont profité pour réitérer leurs demandes restées vaines. En faisant front à plusieurs, ils espéraient enfin être entendus. L’attaque a été lancée mais aucune stratégie commune n’a cependant été adoptée. Néanmoins, les autorités égyptiennes ont annoncé le 14 avril dernier avoir récupéré l’orteil d’Akhenaton subtilisé en 1907. Il avait été dérobé en Suisse lors d’une expertise des ossements de la momie de « l’enfant pharaon », fils de Toutankhamon, mort à 19 ans. Mais les autorités suisses ont tenu à préciser qu’il s’agissait d’une « initiative privée » du scientifique à l’origine de cette restitution. Il aurait retrouvé l’orteil « dans un autre pays européen », a confié un diplomate suisse à l’AFP. « Il ne s’agit donc pas d’une restitution par le gouvernement suisse », a-t-il précisé.
La restitution d’antiquités fait l’objet d’une réglementation depuis la convention de 1970 de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). Le problème, selon plusieurs pays et Zahi Hawass, réside dans la non-rétroactivité de la restitution. Selon la convention, les pièces acquises par les musées avant 1970 ne sont pas concernées.