Le Pape François vient d’animer une conférence de presse, dite « improvisée », en compagnie du directeur de la Communication du Vatican. Face aux journalistes complètement médusés, il a déclaré « être favorable à une forme d’ouverture », en ce qui concerne l’homosexualité.
Cette sortie est une véritable révolution pour l’église qui avait jusqu’à présent adopté une position très ferme contre l’homosexualité, en dépit des nombreuses voix qui s’élevaient en son sein pour réclamer une acceptation de cette pratique. En occident, la presse fait régulièrement des Unes concernant la pédophilie et l’homosexualité au sein de l’église. Malgré la pression médiatique et de l’opinion publique, les prédécesseurs du Pape François ont toujours préféré se conformer à la doctrine chrétienne, en condamnant l’homosexualité.
Qui suis-je pour juger les homosexuels
Avec ce nouveau pontife, nous assistons désormais à un changement dans l’appréciation de cette pratique. En déclarant, « Si une personne est homosexuelle, qu’elle cherche le seigneur et qu’elle est de bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? Nous devons être frère », le Pape vient en effet de se démarquer de ses prédécesseurs. Il vient de briser les chaînes de la doctrine chrétienne, derrière lesquelles se réfugiaient ses prédécesseurs pour condamner l’homosexualité. Pour marquer véritablement sa différence, il a également promis de « se pencher sur le cas des divorcés remariés, interdits actuellement de communion parce qu’ils ont rompu un sacrement insoluble aux yeux de l’Église ».
Cette déclaration du Pape en faveur d’une forme d’ouverture concernant l’homosexualité prend de fait une dimension politique et idéologique dans un contexte dans lequel le débat sur le mariage des homosexuels est très loin d’être terminé. En Afrique, notamment au Cameroun, les homosexuels subissent la mort pour leur pratique sexuelle et cela apparait comme normal. Au nom de certaines valeurs religieuses et morales, on peut impunément tuer une personne, au seul motif qu’elle est homosexuelle. Si cela est considéré comme un péché, alors comme dit la bible, « que ceux qui n’ont jamais péché, jettent la première pierre » au pécheur. Qui sommes-nous pour juger, alors que nous commettons tous les jours de nombreux péchés, au regard de la doctrine religieuse sur laquelle nous nous fondons pour juger ceux qui sont différents de nous dans leurs pratiques sexuelles ?
Que reproche-t-on aux homosexuels, notamment en Afrique ?
Pour la plupart des homophobes africains, les homosexuels sont de dangereux détraqués sexuels qui enfreindraient les principes religieux et moraux de la société. De ce fait, ils mériteraient d’être sévèrement punis. On se croirait encore au moyen âge, où au nom de l’église, les inquisiteurs avaient droit de vie ou de mort sur la population. Ils étaient les seuls à apprécier et à décider qu’au nom de l’église et de sa doctrine, telle personne devait être brûlée vive sur la place publique. Là encore, qui étaient-ils pour juger et ôter la vie de manière intransigeante, quand on connaît l’histoire de l’église ? Ces pratiques barbares et déshumanisées des inquisiteurs au moyen-âge, n’ont rien de différent de celles qui sont aujourd’hui reprochées aux extrémistes religieux musulmans. Qui sommes-nous pour juger et condamner, sans chercher à savoir et comprendre les raisons des pratiques sexuelles différentes de l’autre ?
En psychologie clinique et social, en sociologie, en ethnologie ou en anthropologie, plusieurs études ont montré qu’il existe différents facteurs pouvant influencer les choix sexuels des individus. La famille reste le premier facteur psychopathogène. Dans certains cas, la médecine révèle des anomalies physiologiques dès la naissance, qui déterminent ce choix. On peut par exemple naître avec un sexe d’homme ou de femme et avoir certaines composantes physiologiques contraire à ce sexe. De manière générale, ce choix s’impose à l’individu qui le subit d’abord de façon inconsciente. Puis, il va l’intégrer comme faisant partie de sa personnalité et de son bien être. Selon le milieu dans lequel il évolue, cette réalité des choses peut s’avérer aussi traumatisante pour lui que pour son entourage. De ce fait, seul l’amour au sens religieux peut alors l’apaiser, l’intégrer dans la société et faire de sa différence, une autre réalité de notre existence, qui consiste à ne pas juger et condamner, alors que nous sommes nous-mêmes des êtres condamnables par nos actes.