La chute du cours du cacao, la déréglementation et la méfiance des bailleurs de fonds ont fait tomber la Côte-d’Ivoire de son piédestal économique. Dur héritage en perspective pour ceux qui prendront la suite de Gueï.
C’était, il y a un an encore, un exemple pour toute la zone du franc CFA. Une dévaluation remarquablement négociée, une quatrième année consécutive de croissance supérieure à 6,5 %, l’accord des financiers extérieurs pour une réduction de la dette extérieure. Et puis la Côte-d’Ivoire s’est écroulée, ou presque, sous la pression conjuguée de facteurs tous plus défavorables les uns que les autres.
1999, cela a d’abord été l’année de la libéralisation… et de la chute du cours de la fève de cacao. Premier producteur mondial avec 40 % du tonnage, la Côte-d’Ivoire a supprimé, en janvier, sa Caisse de stabilisation des prix des matières premières (la sulfureuse Caistab, accusée de remplir les poches du régime de Konan Bédié). Ce faisant, elle accédait à une demande de moralisation émanant de la Banque mondiale. En août, Abidjan a vu le revenu de ses paysans divisé par deux. Pour comble de malchance, l’Europe des Quinze a adopté une directive sur » le chocolat végétal » qui amputera le pays de 308 millions d’euros chaque année.
Morale, libéralisme et chocolat
Un mois après la suppression de la Caistab, le FMI a suspendu le versement de son prêt triennal pour » mauvaise gouvernance « . En juin, l’Union européenne a interrompu ses programmes d’aide, » s’apercevant » du jour au lendemain que ses dons étaient détournés.
Les pays riches, tout en remplissant les rayons de leurs magasins de chocolat moins cher, font donc la morale. Les Ivoiriens, eux, tentent de garder le moral. Pas facile, quand la dette extérieure bondit, en l’espace d’un an, à hauteur de 125 % du PIB.