C’est un pays en pleine faillite économique qui aborde les élections législatives prévues pour mai sous le sceau de la violence.
La situation économique du Zimbabwe déjà fort peu brillante (168 millions de dollars de déficit budgétaire en 1999, espérance de vie de 44 ans et mortalité infantile de 7%) s’est brutalement aggravée en un an.
L’inflation atteint 57%, les taux d’intérêts flirtent avec les 50%. Le dollar zimbabwéen est désormais quarante cinq fois inférieur à la monnaie américaine.
La pénurie de pétrole due à la récente faillite de la compagnie nationale provoque d’interminables queues devant les stations de service et désorganise la distribution des biens alimentaires. Ironie du sort : le Zimbabwéen moyen utilise généralement ce combustible pour cuisiner ses aliments. A cela, il faut ajouter le coût du contingent de 10 000 hommes (le quart des effectifs de l’armée Zimbabwéenne) qui guerroie en RDC.
Incompétence et corruption
Un rapport confidentiel commandé par l’Union européenne à un institut munichois de recherche et de politique, cité par Le Monde (jeudi 13 avril), fait porter la responsabilité de cette crise au gouvernement, évoquant l’ » incompétence » et la corruption de l’équipe au pouvoir.
Piètre constat pour le régime de Robert Mugabe, qui risque de d’empirer avec l’occupation des fermes par les » vétérans « , milices armées du président, qui paralysent l’activité agricole.
Pire, les USA et l’Europe ont décidé respectivement jeudi 6 avril et lundi 10 avril, de suivre la même ligne que le fonds monétaire international depuis déjà un an. A savoir la suspension pure et simple de toute aide.
Ce désastre constitue un risque sérieux de déstabilisation économique pour toute l’Afrique australe, dont le Zimbabwe est la seconde puissance économique après l’Afrique du Sud.
La chambre sud-africaine de commerce et d’industrie (SACOB) s’est il y a peu inquiétée de la menace que constituerait une » implosion économique » du Zimbabwe pour l’ensemble des pays frontaliers, regroupés au sein de l’Union douanière d’Afrique australe (SACU – Afrique du Sud, Botswana, Swaziland, Lesotho, Namibie)
Pour l’heure nombre de spécialistes voient dans la chute du rand sud-africain et du lilangeli, devise du Swaziland, la marque du chaos qui frappe le Zimbabwe.