Le système éducatif algérien se remet en question. L’enseignement de la langue française, dès la deuxième année du cycle primaire, est fortement recommandé par la Commision nationale de réforme de l’éducation. Le président Bouteflika tranchera prochainement sur cette question hypersensible en Algérie. Les Islamistes crient déjà à la trahison.
Faillite de l’école fondamentale. Le président de la Commission nationale de réforme du système éducatif, Ben Zeghou, a établi un constat sans appel de l’école algérienne : moribonde. Il prône l’enseignement de la langue de Voltaire, dès la deuxième année du cycle primaire. Les islamistes ont tout essayé pour faire échec à cette commission. » Ils ont organisé une campagne de dénigrement. Ils nous accusaient à longueur de journée de vouloir brader l’identité nationale « , confie un membre de la commission. Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie a été le premier à tirer la sonnette d’alarme sur la situation de l’école fondamentale, cursus scolaire obligatoire de neuf ans. » C’est une fabrique de terroristes en puissance. A la fin de leurs études, les élèves deviennent des analphabètes bilingues « .
Je suis plus qu’Arabe !
Crise identitaire. L’enseignement de la langue française a toujours été problématique en Algérie. Les islamistes et les bâathistes (nationalistes se revendiquant du panarabisme) ont toujours fait cause commune pour écarter la langue française de l’éducation. » On était les principales cibles, après les journalistes, pour les groupes islamistes. Et l’Etat, par lâcheté, n’arrêtait pas de rétrécir les heures de français dans le cycle moyen « , s’offusque Nachida, enseignante de français à El Harrach, banlieue algéroise. Un responsable politique menant une croisade à la télévision contre la langue de Victor Hugo s’est ridiculisé en direct. A un intervenant qui lui demandait le pourquoi de cette croisade, le politique, pris de court, hurlait » parce que je suis plus qu’Arabe ! « .
Diplomatie de Bouteflika. Les rapports entre la France et l’Algérie se sont réchauffés depuis que Bouteflika est devenu président. Le ministre français de l’Education a chargé Georges Morin, inspecteur général, d’étudier le moyen de développer la coopération entre les deux pays. Ces nouvelles relations ont commencé juste avant la visite de Bouteflika à Paris. Le président algérien avait menacé de recourir au réferendum si les résultats de la Commission ne trouvent pas terrain favorable à leur concrétisation.