Peu de TV. Beaucoup de radios. Telle est la réalité de l’audiovisuel togolais. Faute d’ambitions. Et surtout… de moyens. Zoom sur un petit Poucet du continent.
L’audiovisuel togolais offre aujourd’hui un visage double : d’une part la pauvreté en matière de télévision, misère de la production propre togolaise, atténuée par quelques lueurs d’espoir. D’autre part une relative abondance en matière radiophonique. Abondance confirmée par un grand nombre de projets déposés devant la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la Communication (HAAC). Mais abondance tempérée par les risques que fait courir à un certain nombre des petites radios existantes, la récente décision de l’instance de régulation de soumettre les stations à une redevance annuelle de 1 250 000 F CFA (12500 FF).
La pauvreté de la télévision togolaise
La seule télévision diffusée sur le territoire national, la TVT, créée en 1973, ne diffuse que 6 heures par jour en semaine et 11 heures le week-end. Son budget d’acquisition et de production a été divisé par 10 au cours des 10 dernières années, et elle a donc dû renoncer à toute velléité de production propre.
Les programmes de la banque CFI Pro constituent la première réserve dans laquelle la TVT puise, même si elle s’est également abonnée à TV Africa, banque de programmes sud-africaine qui offre des programmes sportifs internationaux et quelques séries ou événements audiovisuels.
Par ailleurs, une autre source d’approvisionnement en images est le continent sud-américain. La TVT reprend également de nombreuses séries brésiliennes, acquises auprès de sociétés ivoiriennes. Enfin diverses informations font état d’une tentative d’entrée sur le marché togolais de productions anglophones nigérianes ou ghanéennes, disponibles déjà à bon marché dans les vidéos-clubs togolais.
Faire vivre une production locale renouvelée
L’audiovisuel togolais se trouve donc aujourd’hui à la croisée des chemins : soit il parvient à s’ouvrir, à accueillir de nouvelles chaînes développées localement, et à soutenir une production indépendante, soit il deviendra progressivement un canal exclusif de diffusion des images d’ailleurs, qu’elles proviennent de pays anglophones voisins ou même d’autres continents.
Au moment où le combat pour la diversité culturelle devient un défi essentiel, consistant à faire vivre toutes les cultures du monde sur les moyens de communication modernes, l’avenir du secteur audiovisuel togolais justifierait une forte volonté politique, ou l’entrée en jeu d’investisseurs privés résolus à s’y investir directement. Il serait souhaitable aux yeux de nombreux acteurs que la HAAC mesure les enjeux culturels auxquels le Togo se trouve aujourd’hui confronté. Et que son président, M. Agbodjan, souvent jugé trop timoré, y compris par les autorités ministérielles togolaises, prenne sur ce point des positions fortes.
Car le développement d’Internet, même s’il est relativement rapide au Togo, ne se substituera pas, à brève échéance, à la nécessité de développer pour tous un paysage médiatique plus riche, plus diversifié, porteur d’initiatives et fécond en oeuvres originales.