L’Assemblée nationale dissoute, les Sénégalais attendus aux urnes le 17 novembre


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Le Président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye
Le Président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye

Bassirou Diomaye Faye a dissous le Parlement sénégalais. Après cinq mois d’intenses confrontations entre l’Exécutif et un Législatif entièrement acquis à Macky Sall.

C’est fait. Bassirou Diomaye Faye a franchi le pas en annonçant, jeudi soir, la dissolution de l’Assemblée nationale. Une décision attendue et qui, jusque-là, n’était bloquée que par une disposition de la loi : le cap des deux ans de la Législature devait être franchi. Ce qui fut fait, ce 12 septembre 2024. Bassirou Diomaye Faye est donc passé à la vitesse supérieure.

Mettre fin à cinq mois de tensions

Depuis son investiture, le 2 avril 2024, et l’installation de son équipe gouvernementale chapeautée par son mentor, Ousmane Sonko, quelques jours plus tard, la tension est palpable entre l’Exécutif et le Législatif largement dominé par la coalition de l’ancien Président, Macky Sall. La confrontation est directe au point où le Premier ministre, Ousmane Sonko, n’a pas présenté son discours de politique générale devant les députés par crainte d’être désavoué par l’opposition qui ne fait pas de cadeau au gouvernement en place. La proposition de suppression de deux institutions – le Haut Conseil des collectivités territoriales et le Conseil économique, social et environnemental – jugées budgétivores et non essentielles par l’Exécutif a été d’emblée rejetée par les députés de l’opposition, il y a tout juste quelques jours.

Pis, la majorité parlementaire a commencé par agiter l’arme d’une motion de censure contre le gouvernement. Ce qui serait un cinglant désaveu pour le Président et son Premier ministre. « Je dissous l’Assemblée nationale pour demander au peuple souverain les moyens institutionnels qui me permettront de donner corps à la transformation systémique que je leur ai promise. Aujourd’hui, plus que jamais, l’heure est venue d’ouvrir une nouvelle temporalité à notre quinquennat », a déclaré le Président du Sénégal. Pour lui, cette décision était inéluctable, au regard des différents blocages observés récemment à l’Assemblée nationale.

Bassirou Diomaye Faye a été catégorique : « Le gage d’une collaboration franche avec la majorité parlementaire (…) était une illusion. Celle-ci ayant décidé de se détourner du peuple pour promouvoir le culte du blocage, et ainsi entraver la mise en œuvre du projet sur la base duquel j’ai été élu ». Aller chercher sa propre majorité afin de gouverner avec aisance est alors l’objectif principal du gouvernement de Bassirou Diomaye Faye.

Les législatives du 17 novembre, nouveau test de popularité pour le pouvoir Faye-Sonko

Pour obtenir cette majorité, le camp Faye-Sonko devrait se confronter au camp adverse dans le cadre d’élections législatives anticipées. Un scrutin d’ores et déjà annoncé pour le 17 novembre 2024. Soit dans deux mois. Ce scrutin constituera un véritable test pour le pouvoir en place qui a fait une razzia en mars en battant au premier tour le candidat de la coalition au pouvoir, Amadou Ba. Cette grande popularité de Ousmane Sonko, leader charismatique du PASTEF, est-elle restée intacte après cinq mois de gouvernance ? L’opposition dénonce cinq mois d’inaction de la part d’un gouvernement qui, selon elle, n’a aucun projet politique. L’Exécutif à son tour, accuse l’opposition, à travers la majorité parlementaire, d’entraver son action. Mais, il peut s’appuyer sur quelques actions comme la baisse des prix de certains produits de première nécessité comme le riz, le sucre, l’huile, etc..

D’autres chantiers importants sont également ouverts. Il s’agit par exemple des audits lancés dans tous les secteurs pour déceler et sanctionner les actes de mal gouvernance des responsables de l’ancien régime. Une démarche dans laquelle l’opposition voit une volonté de chasse aux sorcières. Surtout avec les récents propos menaçants tenus par Ousmane Sonko lui-même quand il déclarait : « Trois ou quatre d’entre eux (les anciens responsables, ndlr) ont pu s’échapper à l’étranger. Si on doit les chercher, on les fera revenir ». La réforme de la justice est également un vaste chantier ouvert par les autorités sénégalaises. Mais, le dernier mot revient au peuple sénégalais qui devra se prononcer le 17 novembre 2024, dans les urnes.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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