Les Coptes, chrétiens d’Egypte à la culture originale et méconnue, prennent leurs quartiers d’été à l’Institut du Monde Arabe à Paris, jusqu’au 3 septembre. Une exposition sublime, pédagogique et passionnante. Bref, une réussite à aller voir toutes affaires cessantes.
Les plus beaux vestiges de l’art copte sont exposés à Paris à l’Institut du Monde Arabe (IMA), jusqu’au 3 septembre prochain. Les Coptes sont les chrétiens d’Egypte. Le christianisme est apparu sur les bords du Nil il y a 2000 ans, probablement dans le sillage de l’évangéliste St Marc qui, dès le Ier siècle, aurait prêché dans les rues d’Alexandrie. Jusqu’au IV siècle, le christianisme connaît en Egypte une phase d’expansion et d’épanouissement. S’y développent le monachisme et la création de couvents en plein coeur du désert. La conquête islamique amoindrira ce rayonnement, mais malgré cela la communauté copte n’aura de cesse d’enrichir sa culture particulière.
L’exposition rassemble quelques 350 pièces. Elle met en valeur les diverses influences – pharaonique, gréco-romaine, islamique – qui ont nourri l’art copte au cours des siècles. Un art avant tout local et populaire, qui exprime son originalité à travers les tissus, les manuscrits, l’architecture. Il faut relever la remarquable adéquation du programme scientifique avec la mise en scène générale de l’espace, due à l’entente parfaite entre les commissaires scientifiques et l’architecte, Vincent Cornu.
Ces commissaires sont Marie-Hélène Rutschowscaya et Dominique Bénazeth, conservateurs à la section copte du département des antiquités égyptiennes du musée du Louvre. Depuis dix ans, elles travaillent sur ce projet, et malgré le refus des institutions d’organiser une telle exposition – « tout le monde était persuadé que ça n’intéresserait pas le grand public » -, elles ont constitué sans faillir un dossier solide et fourni sur la question. Lorsque l’IMA leur propose de mettre en oeuvre l’exposition, il leur faut un an pour réunir les pièces, prêtées pour la plupart par le Musée du Louvre et le Musée copte du Caire.
2000, année copte
2000, l’année jubilaire symbolique pour les Chrétiens, « était le moment où jamais », déclare Mme Rutschowscaya. De plus, « il est très important que cette exposition ait lieu à l’IMA. Cela a une autre signification qu’une exposition au Petit-Palais. Cet endroit n’est pas anodin, et son directeur, d’origine égyptienne, était particulièrement sensible au projet. Nous prévoyons ainsi d’avoir un impact énorme dans les milieux chrétiens d’Egypte, mais également musulmans ». Car les conservateurs rappellent, à juste titre, que le mot « copte », issu de l’arabe Qibt, est une abréviation du grec Aiguptios, « Egyptien ». Elles insistent ainsi sur le fait que la culture copte fait partie intégrante de l’histoire égyptienne, et que l’Egypte est « un peuple homogène ».
La venue du Pape copte, Shenouda III, dans les murs de l’IMA le 23 mai dernier, renforce la légitimité d’une telle exposition. Le saint homme a totalement charmé les deux conservateurs du Louvre : « Il a pris son temps, il a posé des questions pertinentes, et il a laissé une très longue dédicace dans le livre d’or ».
Une visite qu’elles espèrent médiatiquement bénéfique. Carine Juvin, chargée d’exposition, note que la presse spécialisée se montre très enthousiaste, et que cette exposition « aura le mérite de faire découvrir les Coptes et l’art copte aux gens ». Ce qui n’est pas négligeable.
« L’art copte en Egypte – 2000 ans de christianisme », Institut du monde arabe, 1, rue des Fossés-Saint-Bernard à Paris (5ème arrdt.) du 16 mai au 3 septembre 2000
A lire :
Catalogue de l’exposition, coédition Institut du monde arabe/Gallimard
L’Egypte copte, coédition Institut du monde arabe/Gallimard, Collection « Découvertes Gallimard », rédigé par Christian Cannuyer
L’oeil, hors série, en coédition avec l’Institut du monde arabe