La galerie Ant’Art offre à ses clients de passage toutes les richesses de l’art congolais. Sculptures, vanneries, tableaux… Passage obligé pour se rendre compte de la vitalité artistique de Brazzaville.
Il est 19 heures, le quartier du Plateau-centre est déjà plongé dans la pénombre. La nuit tombe tôt à Brazzaville. Les rues de ce quartier populaire sont peu éclairées, la guerre civile ayant réduit l’utilisation des lampadaires et de l’électricité au strict minimum. Les enfants jouent dans l’ombre, les hommes discutent sur le pas des magasins encore ouverts et les femmes s’activent autour d’un brasero fumant. Frémissement de la viande grillée. Le marché artisanal est fermé mais le visiteur en quête d’objets d’art trouvera ce qu’il lui faut à la galerie Ant’Art.
Cette dernière est violemment éclairée au néon et forme une trouée lumineuse dans la nuit opaque. Jusqu’à 22 heures, Mohamed Aboubakar fait visiter l’endroit, à la fois lieu d’exposition pour les artistes du cru et lieu de vente pour les artisans du coin. » Je fais travailler différents artistes. Je leur fournis la matière brute et je les paie lorsque le travail est terminé. D’autres m’apportent spontanément leurs oeuvres. Avant, je vendais sur le marché puis j’ai eu envie d’avoir un magasin pour moi tout seul « , explique le maître des lieux.
Bois précieux
Cette » maison de l’art et de la décoration « , qui a ouvert ses portes en avril dernier, propose des tableaux créés à partir d’ailes de papillons collées, des masques en céramique typiques du Congo, de la vannerie et des objets en malaquite, une pierre verte plus ou moins foncée, veinée, et que les artisans congolais transforment en figurines, pendentifs ou boîtes précieuses. C’est Papy Kamongo, un peintre brazzavillois, qui a réalisé la fresque chamarrée du plafond et l’harmonie des couleurs murales. On peut acquérir l’une de ses toiles pour la modique somme de 100 000 FCFA (1 000 FF).
» Douze artistes travaillent pour moi sans compter ceux de Kinshasa car je suis présent des deux côtés du fleuve. Kinshasa possède une école d’art qui produit des artistes très intéressants « , explique Mohamed Aboubakar. Djibril Mandé, 44 ans, travaille les bois de la région depuis plus de dix ans. Dans ses mains, le goyaver, le sembé-sembé, l’ébène gris, le bois de fer, le padouk ou l’acajou deviennent fruits et légumes sculptés. Il montre avec entrain la matière première et le produit fini. La bûche rugueuse deviendra pomme lisse.
La clientèle de Mohamed est constituée de délégations étrangères de passage à Brazzaville et de Congolais de l’étranger qui repartent avec dans leur bagages les sculptures, les masques et les tableaux chinés à la galerie. Pour le moment, les touristes sont encore rares. Les effets de la paix ont du mal à se faire sentir. Pourtant Mohamed est confiant : un jour viendra où il pourra faire découvrir l’art congolais au monde entier. Et ce jour ne devrait plus être lointain.