L’Arche de Zoé serait en possession de documents prouvant l’implication de la France dans la tentative de transfert de 103 enfants du Tchad vers l’Hexagone. Cette annonce tombe alors que vient d’être publiée une lettre que le président de l’association a envoyée, le 8 août, à la ministre de la Justice.
L’Arche de Zoé ne veut pas couler seule. Le président de l’association française, qui avait tenté le 25 octobre de transférer en France 103 enfants réunis au Tchad, a menacé de divulguer des « preuves » de l’implication de l’Hexagone dans ce dossier. C’est la réponse d’Eric Breteau au traitement de l’Etat français à leur égard : « On a été lâché par le gouvernement français. On a même été enfoncé », a déclaré Eric Breteau sur les ondes de France-Inter.
La menace tombe alors que L’International Magazine rapporte qu’Eric Breteau a envoyé un e-mail à la compagnie aérienne espagnole Girjet pour la convaincre de participer à l’opération d’« évacuation ». Il aurait affirmé que « les frais aéroportuaires seraient] payés par le HCR (Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations Unies, ndlr) » et affirmé la présence de « madame S. à bord » de l’avion. Un « S » qui pourrait faire référence à l’[ex-première dame Cécilia. Cette thèse corrobore les dires du membre d’équipage du Boeing 757 qui a déclaré qu’elle devait se trouver à bord de l’appareil.
Demande de « soutien » à Rachida Dati
Par ailleurs, Le Nouvel Observateur publie ce mercredi, sur son site Internet, une lettre qu’Eric Breteau a envoyée au ministre de la Justice, Rachida Dati. Dans ce courrier[[Les fautes de frappe et de syntaxe d’Eric Breteau ont été corrigées.]] daté du 8 août, Eric Breteau explique qu’il veut venir en aide à des enfants du Darfour (Soudan), préalablement identifiés comme « orphelins de père et de mère, sans famille proche connue susceptible de les prendre en charge, et qui se trouvent en situation de très grande vulnérabilité ».
Il poursuit que « face à une situation inextricable sur le terrain, devant l’impossibilité d’agir concrètement et efficacement sur le terrain auprès des victimes compte tenu de la situation politique locale, nous avons décidé de procéder à une évacuation d’urgence des enfants orphelins en danger ». Leur destination : la France, où « plusieurs centaines de familles d’accueil bénévoles et volontaires » doivent « assurer la prise en charge de ces enfants et leur permettre de formuler et d’obtenir le droit d’asile ».
L’Arche de Zoé disculpe trois Tchadiens
Pour faciliter et accélérer les démarches administratives, Eric Breteau demande le « soutien » de la ministre. Reconnaissant que l’opération est « résolument originale et anti-conformiste », il souligne toutefois qu’elle « n’en est pas moins complètement légitime et légale au regard de la convention des droits de l’homme, des droits de l’enfant et de la convention de Genève de 1951 ».
Le président de l’Arche de Zoé est détenu au Tchad avec cinq autres membres de l’association pour enlèvement et escroquerie, alors que quatre Tchadiens sont soupçonnés de complicité. Eric Breteau, de même qu’Emilie Lelouch, son assistante et compagne, a assuré à l’AFP que, parmi les Tchadiens, ils ne connaissaient que « le chef de quartier ». S’il disculpe ainsi le sous-préfet, le maire et le secrétaire général de la maire de Tiné (frontière tchado-soudanaise) suspectés, il se demande pourquoi un traducteur et un colonel de l’armée tchadienne ne sont pas « inculpés » alors qu’ils leur « ont dit (…) que les enfants étaient des orphelins du Darfour ».
A noter que le juge d’instruction et le procureur chargés de l’affaire Arche de Zoé à N’Djamena sont arrivés mardi à Abéché (Est), où ils ont rencontré les 103 enfants dans l’orphelinat où ils sont placés depuis le 25 octobre. L’avocat d’une partie des 21 accusés regrette de n’avoir pas été associé à cette enquête, qui doit se terminer à la fin de la semaine. D’après lui, les défenseurs des familles qui se sont portées partie civile ont été prévenus et sont déjà sur place.