L’arabe est sa patrie


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Globe terrestre
Globe terrestre représentant une partie de l'Afrique

Sur les chemins d’Adonis. Les éditions de La Découverte nous invitent à partir dans les pas d’Adonis, poète contemporain dont la langue est l’asile et qui porte son regard sur cet espace incertain, ni imaginaire, ni connu, où circule le voyageur, l’exilé, l’apatride.  » Je t’entends maintenant, je t’aperçois, / Ombre libérée de son orbite / Inaugurant l’errance « .

Avec  » Chronique des branches « , ce sont des traces que le poète laisse dans le sable, avec l’élégance venteuse de sa calligraphie étirée, rythmée du souffle régulier du marcheur : autant de constats simples d’une humanité que l’histoire dépouille et à laquelle ce siècle vole ses dernières larmes, sèches :  » Ils sont arrivés/ Nus, ils sont entrés dans la maison. Ils ont creusé, / Ils ont enterré les enfants, / Sont repartis.  » Il n’est pas besoin de beaucoup : la tragédie est la plus simple des paroles.

Ce que le poète vit, il le raconte sans ambages, sans apprêt :  » Soudain, entre la nature et moi/ ont surgi un langage et des lettres./ L’air s’est mué en échelle, / j’ai commencé à marcher / entre l’espace et mes yeux, / errant dans les oripeaux de la nature.  » Evidemment, cette langue qui enchaîne le regard et le monde c’est l’arabe, et la traduction peine parfois à en rendre la magie propre. Mais la poésie est aussi en deça et au-delà des langues, ce regard autrement posé sur les objets et les êtres, qui transperce l’apparence et dévoile l’épaisseur. Cela, la traduction intelligente d’Anne Wade Minkowski le révèle en toute confiance, parce qu’elle le ressent elle-même.

Avec une parfaite conscience de la ferveur muette de certains instants où l’espace et le temps semblent se recueillir pour réconforter la vie et lui permettre un nouvel essor, après la chaleur brûlante ou le froid de glace :  » Un oiseau sans identité est passé / Il venait d’une terre désertique. / La terre se recomposait comme une amphore / pour la nuit, pour les fleurs fanées / des figuiers de barbarie.  » La poésie c’est ce chemin, fragile, où Adonis nous convie : incertains d’où va cette vie, nous en savons la secrète chaleur, la flamme toujours jeune au coeur, les brins d’herbe qui défient la pierre. Quand l’espoir vain s’efface, l’espérance grandit.

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