Les maires des capitales et des grandes villes africaines se sont réunis le 17 avril dernier à l’Hôtel de Ville de Paris, à l’invitation d’Anne Hidalgo et de Jean-Louis Borloo. Six mois avant la conférence des Nations Unies sur le changement climatique, ils ont lancé un appel à la communauté internationale pour une électrification durable de l’Afrique.
En Afrique subsaharienne, environ 650 millions d’hommes et de femmes, dont une majorité vit en milieu rural, ne disposent pas d’électricité. Sans une nouvelle approche et une mobilisation de tous les acteurs, l’accès durable à l’électricité risque de rester un mirage. Depuis le début de son mandat, Anne Hidalgo s’engage à promouvoir l’action des villes qui, au plus près des citoyens, mettent en œuvre, chaque jour, des solutions pour lutter contre le changement climatique. Dans ce contexte, plus d’une vingtaine de maires des capitales et des grandes villes africaines, ainsi que plusieurs ONG, ont répondu à l’invitation d’Anne Hidalgo, maire de Paris et présidente de l’Association internationale des Maires Francophones (AIMF), et de Jean-Louis Borloo, président de la Fondation Énergies pour l’Afrique.
Une approche nouvelle et diversifiée
« Le déploiement massif d’un programme d’électrification du continent africain ne peut être envisagé sans prendre en compte la diversité des territoires et des besoins, à savoir la densité de populations et les niveaux de ressources. Ce déploiement doit essentiellement s’appuyer sur des solutions où l’électrification et les énergies renouvelables ont démontré leur pertinence en complémentarité des infrastructures centralisées », ont indiqué les exposants. Selon l’ONG Electriciens sans frontières, « il faut concevoir et mettre en œuvre des programmes à l’échelle des villages, des villes et des territoires ». Pour Robert Beugré Mambé, Gouverneur du district autonome d’Abidjan, trois actions sont préconisés : la création d’une cellule nationale, la mobilisation des ressources auprès des bailleurs de fond ainsi que l’établissement d’un plan social d’action pour une préservation de l’environnement.
Les modes de tarification doivent également être diversifiés afin de prendre en compte les capacités financières locales, y compris des plus pauvres. C’est une condition pour permettre un accès durable à l’électricité et pour refonder la confiance entre consommateurs et opérateurs. Pour Electriciens sans frontières, le mode de tarification doit être adapté, les collectivités territoriales doivent être au centre du dispositif.
Redéploiement des moyens financiers
Les ressources financières ne sont ni à la hauteur ni adaptées au défi. Selon l’Agence Internationale de l’Energie, il faudrait environ 50 milliards de dollars par an jusqu’à 2030 pour l’électrification de l’Afrique subsaharienne, les fonds mobilisés par les principaux bailleurs multilatéraux ou nationaux, publics ou privés, sont au mieux dix fois inférieurs à cet objectif. Le maire de Dakar Khalifa Sall demande « pourquoi doit-on attendre que les autres viennent faire chez nous ce que nous devons faire ? Il faut impliquer tous les Africains à tous les niveaux, l’action doit être locale pour qu’elle soit efficace, si nous ne prenons pas en charge notre avenir, personne le fera ».
Les collectivités territoriales ont un grand rôle à jouer dans ce projet d’électrification. Selon les ONG, « il faut renforcer le poids et les compétences des collectivités territoriales et des mairies, dans leur rôle de maître d’ouvrage ». Ce sont les collectivités territoriales qui mesurent les défis et portent les enjeux du développement. Pour le maire de Casablanca, « il faut une stratégie volontariste de la part des Etats africains dans toutes leurs composantes ».
Electriciens sans frontières , la fondation Energies pour le Monde, le GERES et le GRET s’engagent aux côtés de Jean-Louis Borloo à se mobiliser et soutenir l’action des collectivités territoriales pour que soient mises en œuvre un accès à l’électrification pour tous en Afrique. Ces organisations appellent les maires africains à relever ce défi majeur. Jean-Louis Borloo reste convaincu que la lumière peut être apportée dans chaque foyer en Afrique.