Noël Boudzaga est l’un des 20 handicapés moteurs recrutés par la société gabonaise Amla, spécialisée dans les télécommunications, pour gérer une cabine téléphonique ambulante GSM. A 32 ans, le jeune Gabonais a choisi l’autonomie…financière. Celle qui n’a pas de prix. Rencontre.
Casquette, chemise rose, Noël Boudzaga est confortablement installé dans sa cabine téléphonique GSM Adondo, jaune et bleue, qui lui sert accessoirement de fauteuil roulant. A la vérité, c’est plutôt le contraire mais le souvenir que vous garderez de lui est celui-là. Ils sont au total 20 handicapés moteur à sillonner Libreville, capitale du Gabon. Noël, quant à lui, exerce pour l’instant à Mbolo, le plus important centre commercial de la ville.
C’est l’entreprise de télécommunications, Amla qui a initié le projet. C’est en partenariat avec Telecel Gabon (opérateur de téléphonie mobile) et la Première Dame gabonaise Gabon, Edith Bongo, que l’initiative s’est concrétisée, en avril 2003, avec l’octroi de l’appareillage nécessaire pour équiper des cabines téléphoniques. Une installation qui coûte près de 600 000 F CFA ( plus de 900 euros).
Fier de gagner son autonomie
Pour Noël, originaire de Koula-Moutou, chef-lieu de la province de l’Ogoué Lolo, l’aventure a débuté en novembre 2003. Il rencontre au siège des personnes handicapées, un ami plus âgé qui lui parle de la cabine Adondo. Il se rend dans les locaux de la société Amla où pour le recruter on ne lui demande que sa pièce d’identité. Son fauteuil est gardé le temps de le peindre et de monter l’installation téléphonique. Sa motivation : « Je fais ça parce qu’il n’y a rien d’autre à faire. C’est l’opportunité de subvenir à mes besoins, de me prendre en charge au lieu d’être à celle de mes parents ».
Septième d’une fratrie de dix-sept enfants, Noël, 32 ans, est handicapé moteur depuis son plus jeune âge des suites d’une poliomyélite. Aidé, il peut néanmoins marcher. Scolarisé jusqu’en classe de 4è, il arrête ses études parce qu’il ne dispose plus de moyen de locomotion. Son père, ancien préfet, désormais à la retraite ne peut plus convenablement s’occuper de sa famille et tout particulièrement de lui. Il y parvient désormais tout seul avec sa cabine téléphonique GSM ambulante.
Des lendemains qui chantent
Comment se déroule la journée de travail de Sieur Boudzaga ? Elle commence entre 8h et 9h et s’achève aux environs de 18, 19 heures mais la cabine n’arrête pas pour autant de fonctionner. Chez lui, un membre de la famille prend la relève. La cabine continuera alors d’être opérationnelle de 21h à 23h à son domicile situé dans le quartier La Sorbonne. Un quartier situé à 4 km de son lieu de travail. La cabine GSM, (re)chargée sur la base de 50 000 F CFA (environ 77 euros), rapportera 80 000 F CFA. La recette journalière de Noël est de 15 000 F CFA.
Le regard des autres le gêne-t-il ? Absolument pas ! « Je travaille ». Le plus important est qu’il gagne un le minimum pour « subsister »…. et réaliser son rêve. Il a en effet d’autres ambitions : « Je ne compte pas faire ça tout le temps. Auprès de mon grand frère, j’ai acquis une formation en électronique, je veux gagner assez d’argent pour m’installer avec mon frère à notre propre compte ». En somme, ce n’est pas demain que le fauteuil sera un handicap pour Noël Boudzaga.
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