Le président algérien a usé tous ses adversaires. Elu dans des conditions difficiles, Abdelaziz Bouteflika a réussi un parcours politique sans faute. Et pris sa revanche sur le cénacle politique. Mal élu, il a su négocier tous les scrutins, aidé -il est vrai- quelques fois par la cécité de l’opposition qui lui a grandement facilité le travail.
Son grand mérite est d’avoir redonné vie au Front de libération nationale (FLN), ex-parti unique. Et d’avoir laminé ses adversaires du Rassemblement national démocratique (RND) qu’il méprisait profondément, un parti créé sur mesure pour son prédécesseur, Liamine Zéroual. Et aussi – ce n’est pas la moindre des choses – brisé la dynamique du Front des forces socialistes (FFS) d’Aït Ahmed.
Car le plus grand perdant de ces municipales demeure le parti du « leader historique » qui n’a pas trouvé un argumentaire convaincant pour expliquer sa participation à ce scrutin alors qu’il avait boycotté les législatives et la présidentielle. Il s’en est sorti très amoindri, nombreux sont ses cadres qui ont préféré prendre leurs distances avec le parti. Le FFS a déboussolé et ses militants et son électorat, offrant ainsi au président algérien un cadeau inespéré.
L’année 2002 a été une année faste pour Abdelaziz Bouteflika. Tout lui a souri, ou presque. Parce que si son opposition démocratique est démoralisée, complètement désorganisée, les islamistes sont aux aguets. Ce n’est pas un hasard si le Parti El Islah d’Abdellah Djaballah, organisation islamiste qui prône le retour du Front islamique de salut (FIS) sur la scène politique, se trouve dans une position inédite de second parti d’opposition.
Il ne manque au président algérien que de trouver un accord avec les archs kabyles pour finir l’année en beauté. Il lui reste deux mois et demi pour y parvenir.